La vraie particularité d’Itanium était de prévoir le parallélisme au niveau des instructions : le compilateur peut déterminer, à l’avance, quelles instructions peuvent être exécutées en parallèle et les marque comme telles ; ainsi, le processeur n’a plus qu’à s’exécuter (au lieu d’utiliser des unités très compliquées de prédiction et d’analyse du code pour y arriver, comme dans les processeurs x86 actuels). Les derniers processeurs Itanium peuvent ainsi exécuter douze instructions en même temps sur un cœur donné.
La première génération d’Itanium n’a pas été un grand succès, les performances n’étaient pas au rendez-vous. Les programmes x86 devaient être exécutés en mode de compatibilité, avec des performances encore plus désastreuses (un Itanium 800 MHz était équivalent à un Pentium 100 MHz, alors que des Pentium à 1,1 GHz existaient en même temps). Au fil du temps, ce problème a été corrigé… mais les ventes n’ont jamais vraiment décollé. AMD a porté un grand coup à l’architecture en proposant ses premiers processeurs 64 bits, en se limitant à une évolution de x86 — pas une révolution comme Itanium.
Les derniers coups sont plus récents. En 2008, Microsoft arrête de développer systèmes d’exploitation et compilateurs pour Itanium. En 2011, Oracle fait de même pour ses bases de données. La gamme Xeon a pris le relais pour la plupart des clients. Cependant, certains irrésistibles restaient sur Itanium — et leurs contrats leur garantissaient un support à plus long terme. C’est ainsi qu’Intel, contraint et forcé légalement, a développé une dernière génération de processeurs Itanium, Kitson, la série 9700. Ils seront probablement intégrés dans les systèmes HP Integrity i6, fonctionnant avec le système d’exploitation HP-UX (vendus à partir de 14 500 $ pièce). HP continuera à offrir un support pour ces machines jusqu’en 2025. Cette série remplace Poulson, arrivée sur le marché en… 2012.
Cette gamme comprend quatre processeurs, avec des fréquences d’horloge dans la moyenne basse actuelle (1,73–2,66 GHz) et quatre à huit cœurs. Ils sont loin des derniers processeurs du fabricant : ils utilisent toujours un procédé de lithographie à 32 nm, qui date de 2010, avec au plus trois milliards de transistors NVIDIA vient de sortir un processeur graphique avec vingt et un milliards). Les contrôleurs mémoire sont limités à la DDR3-1067, la génération précédente de mémoire vive, avec des fréquences en deçà des meilleures barrettes actuellement disponibles (en x86, des barrettes standard fonctionnent à 1,3 GHz au lieu de 1,067). Par rapport à la génération précédente, on compte presque exclusivement une légère augmentation de fréquence. Les besoins spécifiques de l’un ou l’autre client ont peut-être été comblés, mais Intel indique n’avoir ajouté aucune fonctionnalité.
Sources : Itanium, Intel’s Itanium Takes One Last Breath: Itanium 9700 Series CPUs Released, Intels letzte Itanium-Generation ist da.