L'électronique de spin fonctionne selon des principes opposés. Au lieu de bloquer ou de laisser passer du courant comme un transistor, c'est-à-dire d'avoir un flux (ou non) d'électrons, l'électronique de spin se base sur d'autres principes de mécanique quantique. En effet, les électrons sont associés à un spin, qui caractérise son "moment angulaire intrinsèque" — un peu comme l'orientation d'un aimant dans un champ magnétique. Par exemple, si tous les spins des électrons d'un matériau donné pointent dans la même direction, le matériau est fortement magnétisé dans cette direction. En électronique, l'idée serait de représenter un bit par ce spin ; en appliquant une différence de potentiel électrique (donc un champ électrique) autour d'un électron, on peut théoriquement en changer le spin, mais l'effet en pratique est très faible.
Des chercheurs au MIT ont développé de nouvelles techniques pour faire mieux fonctionner ce système. Ils prennent deux plaques, l'une magnétique et métallique, l'autre isolante, entre lesquelles ils piègent des particules : au lieu d'utiliser des électrons, comme auparavant, ils ont décidé d'employer des ions hydrogène. En appliquant une différence de potentiel électrique entre les deux plaques (épaisses de quelques atomes), les chercheurs ont pu changer la direction du spin de cent pour cent. En d'autres termes, ils ont pu inverser un bit, une chose qui n'était pas vraiment possible jusqu'à présent.
D'autres équipes ont tenté des techniques similaires, mais avec des résultats moins satisfaisants. Par exemple, les ions oxygène sont bien plus lourds et réagissent tout aussi bien, mais ne résistent que quelques centaines de cycles — après, les propriétés magnétiques sont trop altérées. Au contraire, le système à base d'ions hydrogène a pu résister plus de deux mille cycles. Avant une utilisation industrielle plus poussée, cependant, par exemple dans les mémoires magnétiques, ce système devra encore être amélioré au niveau de la vitesse de commutation, trop faible, notamment à cause de la lenteur de la réaction des protons du côté de la plaque magnétique.
Source : With Help From Hydrogen, Spintronics Takes One Step Closer to Digital Logic.
Voir aussi : Magneto-ionic control of magnetism using a solid-state proton pump.