Le concepteur britannique de puces, ARM, a mis un terme à ses relations avec Huawei dans un souci de se conformer aux sanctions prises par les USA contre le géant chinois des télécoms. Comme nous l'avons rapporté la semaine passée, l'administration Trump a en effet publié un décret qui place Huawei sur une liste noire, une décision qui contraint les entreprises américaines à ne plus faire d'affaires avec le géant chinois des télécoms, à moins d'avoir une autorisation officielle.
Avec cette sanction, Huawei a vu rapidement ses partenaires US commencer à suspendre leurs relations commerciales jusqu'à nouvel ordre. C'est le cas de Google, l'éditeur de l'OS utilisé par les téléphones Huawei, mais aussi bon nombre de fournisseurs de semi-conducteurs entre autres entreprises technologiques : Intel, Qualcomm, Xilinx, Broadcom, Qorvo, Micron Technology et Western Digital.
Ce mouvement ne s'est toutefois pas limité aux USA. Le fabricant allemand de puces Infineon Technologies a par exemple suspendu ses livraisons de composants à Huawei, tandis que d'autres firmes technologiques en Europe et en Asie ont indiqué étudier les conséquences du décret de Trump pour leurs entreprises. Il s'agit notamment du fabricant franco-italien de puces ST Microelectronics ; Taiwan Semiconductor Manufacturing Co. (TSMC), le principal fournisseur asiatique de puces en Chine ; Toshiba Memory, le deuxième fournisseur mondial de mémoire flash au monde ; et le fournisseur d'écrans Japan Display Inc.
Il semble en effet que les entreprises étrangères utilisant une certaine quantité de technologie américaine dans la fabrication de produits qu'elles vendent à Huawei sont également soumises à la même restriction. Elles risquent donc des répercussions juridiques aux États-Unis si elles ne se conforment pas au décret de Donald Trump. Elles pourraient elles-mêmes être inscrites sur une liste noire. C'est ce qui explique la décision du concepteur de puces ARM, racheté en 2016 par le Japonais Softbank, mais qui maintient son siège à Cambridge.
La société britannique a ordonné à ses employés de suspendre « tous les contrats actifs et engagements en cours » avec Huawei après que les États-Unis ont ajouté Huawei à une liste d'entreprises avec lesquelles les entreprises US ne peuvent pas traiter. ARM a déclaré dans un mémo interne que ses conceptions contenaient une technologie d'origine américaine. Par conséquent, son personnel n'était plus autorisé à « fournir de l'assistance, des technologies (logiciels, codes ou autres mises à jour) ou engager des discussions techniques » avec Huawei.
« ARM se conforme aux dernières restrictions établies par le gouvernement américain et est en discussion avec les agences gouvernementales américaines appropriées pour s'assurer que nous restons en conformité », a déclaré un porte-parole d'ARM dans un communiqué. « ARM apprécie sa relation avec notre partenaire de longue date HiSilicon [la branche de Huawei spécialisée dans les semi-conducteurs, NDLR] et nous espérons une résolution rapide de ce problème. »
Si Huawei dit avoir un plan B pour contourner Android, sans ARM, ce serait plus difficile de surmonter les restrictions des USA. ARM propose en effet des architectures qui sont vendues sous licence de propriété intellectuelle à de nombreux concepteurs. Elle propose différentes options dans lesquelles les constructeurs peuvent prendre ce qui les intéresse pour compléter avec leurs options propres ou celles de concepteurs tiers. Aujourd'hui, ARM est surtout connue pour ses systèmes sur puce (SoC), intégrant sur une seule puce : microprocesseur, processeur graphique (GPU), DSP, FPU, SIMD, et contrôleur de périphériques. Et ceux-ci sont présents dans la majorité des smartphones et tablettes.
Par conséquent, lorsque vous entendez parler d'un appareil alimenté par une puce Samsung Exynos, Qualcomm Snapdragon ou Apple A11, c'est toujours la technologie ARM qui est impliquée. Comme Apple et des fabricants de puces tels que Qualcomm, Huawei utilise la propriété intellectuelle d'ARM pour concevoir les processeurs qui alimentent ses smartphones. Autrement dit, ARM est à la base de la conception des puces pour les smartphones Huawei. Pour cette raison, certains analystes estiment que la décision d'ARM constitue un obstacle insurmontable pour Huawei. Cela paralysait potentiellement la capacité de la société chinoise à fabriquer de nouvelles puces pour ses futurs smartphones.
Source : Reuters
Et vous ?
Que pensez-vous du fait que les entreprises étrangères reconsidèrent leurs relations avec Huawei à cause d'une décision US ?
Cela ne devrait-il pas interpeller l'Europe sur la nécessité d'être technologiquement souveraine ?
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Le , par Michael Guilloux
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