Une ordonnance de l’administration Trump interdisant la vente de la technologie américaine à Huawei et ses alliés est en vigueur, mais selon un rapport du New York Times publié le mardi, les entreprises américaines de technologie continuent de vendre des composants au géant chinois des télécommunications. En effet, les fabricants américains de puces et d'autres entreprises ont trouvé des moyens de poursuivre les ventes qui leur permettent d’outrepasser les sanctions en vendant des produits fabriqués en dehors des États-Unis, a indiqué le journal en citant des sources anonymes.
Selon les sources du quotidien new-yorkais, les fabricants de composants Intel et Micron profitent d'une disposition concernant la façon dont les marchandises sont étiquetées pour les expédier à Huawei, car les marchandises produites à l'étranger par des entreprises américaines ne sont pas toujours considérées comme fabriquées aux États-Unis. Les composants ont commencé à être expédiés à Huawei il y a trois semaines, selon le journal. Cette exemption des produits des sociétés américaines fabriqués à l'étranger pourrait permettre à Huawei de continuer à vendre des produits tels que des smartphones et des serveurs.
En mai dernier, Huawei a été ajouté à la liste noire américaine par le ministère du Commerce, empêchant l’entreprise de recevoir des composants fabriqués aux États-Unis sans l'autorisation de Washington. Bien avant, le président Donald Trump avait signé un décret exécutif interdisant l’achat ou l’utilisation de toute technologie de communication produite par des entités contrôlées par « un adversaire étranger » et susceptible de créer un « risque de sabotage indu » des systèmes de communication américains ou des « effets catastrophiques » sur l’infrastructure américaine.
L’interdiction visait essentiellement le chinois Huawei en raison des allégations selon lesquelles Huawei a des liens étroits avec le gouvernement chinois. Huawei a nié à plusieurs reprises cette accusation. Mais les restrictions imposées à Huawei ont été revues par le ministère du Commerce qui a accordé à Huawei un délai de 90 jours pour lui permettre de conserver les réseaux existants et de mettre à jour les téléphones, tablettes et autres appareils existants jusqu'à mi-août.
L’interdiction avait déjà commencé à avoir d’importants effets sur les affaires internationales du fabricant chinois de smartphones. Un peu plus tôt ce mois, Bloomberg a rapporté que Huawei se préparerait à une baisse de 40 % à 60 % des livraisons internationales de smartphones correspondant à une baisse en volume de l'ordre de 40 à 60 millions de smartphones cette année. Huawei perdra l'accès à Play Store et aux principales applications Google comme YouTube et Gmail à un moment donné. Et les utilisateurs devront chercher d'autres App Stores pour bénéficier des applications courantes ou abandonner les smartphones Huawei, si les choses ne s’arrangent pas entre Pékin et Washington. Toutefois, si Huawei peut se procurer les composants des entreprises américaines fabriqués en dehors des Etats-Unis, il pourra continuer certaines expéditions.
Le PDG de Micron, Sanjay Mehrotra, a déclaré mardi, lors d'une conférence téléphonique sur les bénéfices, qu'il avait cessé ses livraisons à Huawei le mois dernier, mais qu'il les avait reprises il y a deux semaines après avoir « déterminé que nous pourrions légalement reprendre » certaines livraisons, a rapporté le New York Times.
Vendredi dernier, John Neuffer, président de la Semiconductor Industry Association, une association professionnelle basée aux États-Unis, a déclaré que ses membres « s'engagent à respecter rigoureusement » les sanctions, mais a noté qu' « il est maintenant clair que certains articles peuvent être fournis à Huawei conformément à la liste des entités et aux règlements applicables ».
« Chaque entreprise est touchée différemment en fonction de ses produits et de sa chaîne d'approvisionnement, et chaque entreprise doit évaluer la meilleure façon d'exercer ses activités et de demeurer en conformité avec la loi », a ajouté M. Neuffer.
Mais malgré cette exemption des produits fabriqués à l’étranger, Huawei n’est pas encore tiré d’affaire, selon le journal : « Cependant, la situation de Huawei reste très incertaine », a-t-il écrit.
Plus tôt ce mois-ci, Pékin a également exercé des pressions sur les entreprises américaines. Les autorités chinoises ont déclaré qu'il créerait leur propre « liste d'entités peu fiables » pour punir les entreprises et les individus qu'il perçoit comme portant atteinte aux intérêts chinois. La semaine suivante, le principal organisme de planification économique de la Chine a convoqué des dirigeants étrangers, dont des représentants de Microsoft, Dell et Apple. Elle les a avertis que le fait de couper les ventes aux entreprises chinoises pourrait entraîner des sanctions et a laissé entendre que les entreprises devraient faire pression sur le gouvernement américain pour qu'il mette fin à ces interdictions.
Quelques jours après la réunion de Pékin, Reuters a rapporté que les fabricants de puces américains faisaient discrètement pression pour assouplir l'interdiction de Huawei.
Les responsables des fournisseurs américains de puces de Huawei, Intel et Xilinx Inc, ont assisté à une réunion à la fin du mois de mai avec le ministère du Commerce pour discuter d'une réponse au placement de Huawei sur la liste noire, a écrit Reuters. Selon quatre sources d’information de Reuters, Qualcomm aurait également fait pression sur le Département du Commerce à ce sujet.
Selon Reuters, les fabricants de puces ont dit au département du Commerce que les unités de l’entreprise chinoise qui vendent des produits tels que les smartphones et les serveurs informatiques utilisent des pièces couramment disponibles et il est peu probable qu'elles présentent les mêmes problèmes de sécurité que l'équipement réseau 5G de la société technologique Huawei.
Le Département du Commerce ainsi que Micron et Huawei n'ont pas répondu immédiatement à une demande de commentaires de Reuters. Quant à Intel, il a refusé de commenter, d’après Reuters.
Source : The New York Times
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Loi possibilité de vendre aux entreprises chinoises les composants fabriqués en dehors des Etats-Unis ne va-t-elle pas inciter les entreprises américaines à développer leur chaine d’approvisionnement à l’étranger ?
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Le , par Stan Adkens
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