Pour éviter de perdre trop de parts de marché, ARM modifie son offre de licences. Jusqu’à présent, la société fournissait surtout des licences pour des cœurs complets ; avant de commencer à développer un processeur, il fallait payer une licence ARM, ce que toutes les entreprises ne peuvent pas se permettre. Sans oublier les redevances en fonction du volume de puces produites.
La nouvelle organisation des licences est radicalement différente : il ne faut plus rien débourser en amont pour obtenir une licence ARM, mais bien au moment où le processeur est prêt pour la fabrication. ARM demande toujours des redevances par processeur produit, cela ne change pas. Tous les cœurs ne sont pas concernés : on ne parle que des Cortex-M0, M1 et M3, tous dans la famille des microcontrôleurs (peu de puissance de calcul, pas de possibilité d’effectuer des opérations en virgule flottante). Ces cœurs sont aussi relativement vieux (M3 est sorti en 2004, M1 en 2007 et M0 en 2009, pour leur première introduction sur le marché). D’autres cœurs, bien plus puissants et modernes, sont aussi disponibles, mais il faut payer dès le début (un montant moindre qu’auparavant, certes) : septante-cinq à deux cent mille dollars annuels.
Les cœurs de calcul ne sont pas les seuls concernés par cette annonce. On trouve aussi des processeurs graphiques (Mali), des interconnexions, des blocs de sécurité, des bus externes (UART, SPI), des horloges, etc.
L’intérêt d’ARM est multiple. Son écosystème est très développé, ce qui en est une grande force : en facilitant l’accès à ses licences, l’entreprise s’assure que peu de jeunes entreprises se tournent vers RISC-V et se mettent à développer un écosystème comparable. C’est aussi une justification des cœurs inclus dans ce programme de licence : une bonne partie de l’innovation a lieu dans les très faibles consommations, sans besoin de puissance de calcul.
De plus, les besoins des clients évoluent sans cesse : de plus en plus d’entreprises se lancent dans la conception de leurs propres processeurs, pour les optimiser précisément à leurs besoins ; tout le monde ne sait pas à l’avance de quels blocs d’ARM il aura besoin, une licence de ce type permet d’utiliser plus facilement des blocs en fonction de ses besoins, le gros des coûts dépendant des blocs qui seront finalement utilisés in fine. Au contraire, un client qui demande un cœur Cortex-A75 (l’un des tout derniers de la marque) sait très probablement à l’avance ce dont il aura besoin.
Voir aussi : How Arm Licensing Works.
Sources : Arm Cortex-M Series Processors, Arm’s new licensing option lets its partners experiment and test for free before they pay, Arm Gets More Creative with Licensing.