Un physicien d'Oxford s'en prend à l'industrie de l'informatique quantique,
Estimant qu'il s'agit d'une escroquerie
Le 2022-09-05 07:46:07, par Bruno, Chroniqueur Actualités
La taille du marché de l'informatique quantique était de 392,5 millions USD en 2020. Le marché devrait passer de 486,1 millions d'USD en 2021 à 3 180,9 millions d'USD en 2028, avec un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 30,8 % au cours de la période 2021-2028. Dans une de ses récentes sorties, le Dr Nikita Gourianov, physicien chercheur à l'Université d'Oxford, s’en est pris à l'industrie de l'informatique quantique, estimant qu'il s'agit d'une escroquerie. Selon Gourianov, malgré les milliards de dollars investis dans l'informatique quantique, l'industrie n'a pas encore développé un seul produit capable de résoudre des problèmes pratiques.
Le Dr Nikita Gourianov a récemment terminé son doctorat en physique atomique et laser au Keble College de l'Université d'Oxford avec une thèse sur l'utilité des méthodes de réseaux tensoriels pour les simulations de turbulence. Grâce à cette expérience, il a acquis dit-il, une expertise dans les réseaux tensoriels, l'optimisation en haute dimension, les algorithmes de compression de données, l'algèbre linéaire de bas niveau, les équations aux dérivées partielles et l'informatique quantique. Aujourd’hui Gourianov s’intéresse principalement à la science informatique, à la finance et à la commercialisation des technologies.
Si Gourianov estime que malgré les milliards de dollars investis dans l'informatique quantique, l'industrie n'a pas encore développé un seul produit capable de résoudre des problèmes pratiques, cela signifie que ces entreprises perçoivent des ordres de grandeur plus importants en termes de financement qu'elles ne sont en mesure de gagner en revenus réels « une bulle croissante qui pourrait finir par éclater ».
« Le peu de revenus qu'elles génèrent provient essentiellement de missions de conseil visant à enseigner à d'autres entreprises "comment les ordinateurs quantiques aideront leur activité", écrit Gourianov, plutôt que d'exploiter véritablement les avantages des ordinateurs quantiques par rapport aux ordinateurs classiques. »
Alors que certains analystes estiment que l’apport de l'industrie de l'informatique quantique est d’ores et déjà visible à tous points de vue, en citant par exemple le rapport avec la crise sanitaire récente (COVID-19), avec une demande dans toutes les régions au milieu de la pandémie, Gourianov soutient que les ordinateurs quantiques contemporains sont également « si sujets aux erreurs que toute information que l'on tente de traiter avec eux dégénère presque instantanément en bruit », a-t-il écrit, ce que les scientifiques tentent de surmonter depuis des années.
Toutefois, ce que Gourianov oublie de citer c’est également qu’Amazon Braket a lancé en mai 2021 un nouveau simulateur appelé DM1 pour aider à modéliser le bruit dans le matériel quantique. En outre, DM1 permet de mettre en œuvre des mesures d'atténuation du bruit dans un programme quantique pour rendre les résultats sur un véritable ordinateur quantique plus précis.
Gourianov s'est également attaqué à d'autres hypothèses concernant ce domaine, affirmant que les craintes relatives à la capacité des ordinateurs quantiques à craquer les systèmes cryptographiques les plus sûrs sont exagérées. Cependant, l'apprentissage automatique, la simulation quantique, le parallélisme quantique, la cryptographie, les algorithmes, et d'autres applications utilisent ces services informatiques. En outre, selon Fortune Business, il est possible d'accélérer les découvertes pharmaceutiques et d'accroître la précision des modèles expliquant le changement climatique et ses effets, et « il sera efficace pour stimuler les solutions à de difficiles disciplines diversifiées. »
D'après les recherches FortuneBusiness, le marché mondial de l'informatique quantique a affiché une croissance substantielle de 22,4 % en 2020, par rapport à la croissance annuelle moyenne au cours de la période 2017-2019. L'informatique quantique est un type de technologie informatique de pointe basée sur la mécanique quantique et la théorie quantique.
L'ordinateur quantique a été utilisé pour le calcul basé sur les idées de la physique quantique. Il diffère de l'informatique traditionnelle en termes de vitesse, de bits et de données. L'informatique classique utilise deux bits, 0 et 1, mais le système utilise tous les états entre 0 et 1, ce qui donne des résultats supérieurs et un traitement plus rapide. Le système est surtout utilisé pour comparer plusieurs solutions et identifier la meilleure pour un problème compliqué.
Depuis plusieurs années, certains membres de la communauté HPC soupçonnent la Chine d'avoir caché au monde ses véritables capacités en matière de supercalculateurs. Ces soupçons auraient été confirmés par la publication, en avril de cette année, d'un article de recherche dans lequel des chercheurs universitaires chinois indiquent que 40 millions de cœurs hétérogènes au sein du supercalculateur Sunway de la Chine ont été affectés à une simulation basée sur l'apprentissage profond.
La réaction de Steve Conway, conseiller principal, HPC Market Dynamics, chez Hyperion Research, reflète un sentiment partagé par de nombreux observateurs du secteur du calcul intensif. « Ce développement ajoute de la crédibilité à l'idée que la Chine pourrait avoir délibérément omis de déclarer les résultats exascale Linpack pour la liste Top500 de novembre 2021 afin d'éviter d'attirer davantage de restrictions du gouvernement américain », déclare Conway.
Dans un communiqué de presse publié fin 2021, LightOn a annoncé l'intégration d'un de ses coprocesseurs photoniques dans le supercalculateur Jean Zay. En plus d'être l'un des ordinateurs les plus puissants au monde, actuellement classé 105ème au Top500, le supercalculateur français Jean Zay est désormais le premier calculateur haute performance (HPC) à disposer d'un coprocesseur photonique (qui peut fonctionner à la lumière plutôt qu'au courant électrique).
Contrairement aux processeurs traditionnels qui utilisent le courant électrique, le coprocesseur photonique de LightOn transmet et traite l'information par la lumière. Dans le cadre d'un programme pilote avec le GENCI et l'IDRIS, l'insertion d'un accélérateur photonique analogique de pointe dans un calculateur haute performance constitue une rupture technologique et une première mondiale.
Source : Université d'Oxford
Et vous :
L'avis du Dr Nikita Gourianov selon lequel l'industrie de l'informatique quantique est une escroquerie est il pertinent ?
Que pensez-vous de l'industrie de l'informatique quantique ?
Voir aussi :
L'Allemagne accueillera Jupiter, le premier supercalculateur exascale d'Europe connu publiquement, d'après une annonce d'EuroHPC JU
Un superordinateur chinois Exascale de 40 millions de cœurs effectue des simulations quantiques, il possède près de quatre fois plus de cœurs que le Sunway Taihulight
Le supercalculateur Jean Zay de la France est maintenant le premier HPC qui peut fonctionner à la lumière, plutôt qu'au courant électrique
Le Dr Nikita Gourianov a récemment terminé son doctorat en physique atomique et laser au Keble College de l'Université d'Oxford avec une thèse sur l'utilité des méthodes de réseaux tensoriels pour les simulations de turbulence. Grâce à cette expérience, il a acquis dit-il, une expertise dans les réseaux tensoriels, l'optimisation en haute dimension, les algorithmes de compression de données, l'algèbre linéaire de bas niveau, les équations aux dérivées partielles et l'informatique quantique. Aujourd’hui Gourianov s’intéresse principalement à la science informatique, à la finance et à la commercialisation des technologies.
Si Gourianov estime que malgré les milliards de dollars investis dans l'informatique quantique, l'industrie n'a pas encore développé un seul produit capable de résoudre des problèmes pratiques, cela signifie que ces entreprises perçoivent des ordres de grandeur plus importants en termes de financement qu'elles ne sont en mesure de gagner en revenus réels « une bulle croissante qui pourrait finir par éclater ».
« Le peu de revenus qu'elles génèrent provient essentiellement de missions de conseil visant à enseigner à d'autres entreprises "comment les ordinateurs quantiques aideront leur activité", écrit Gourianov, plutôt que d'exploiter véritablement les avantages des ordinateurs quantiques par rapport aux ordinateurs classiques. »
Alors que certains analystes estiment que l’apport de l'industrie de l'informatique quantique est d’ores et déjà visible à tous points de vue, en citant par exemple le rapport avec la crise sanitaire récente (COVID-19), avec une demande dans toutes les régions au milieu de la pandémie, Gourianov soutient que les ordinateurs quantiques contemporains sont également « si sujets aux erreurs que toute information que l'on tente de traiter avec eux dégénère presque instantanément en bruit », a-t-il écrit, ce que les scientifiques tentent de surmonter depuis des années.
Toutefois, ce que Gourianov oublie de citer c’est également qu’Amazon Braket a lancé en mai 2021 un nouveau simulateur appelé DM1 pour aider à modéliser le bruit dans le matériel quantique. En outre, DM1 permet de mettre en œuvre des mesures d'atténuation du bruit dans un programme quantique pour rendre les résultats sur un véritable ordinateur quantique plus précis.
Gourianov s'est également attaqué à d'autres hypothèses concernant ce domaine, affirmant que les craintes relatives à la capacité des ordinateurs quantiques à craquer les systèmes cryptographiques les plus sûrs sont exagérées. Cependant, l'apprentissage automatique, la simulation quantique, le parallélisme quantique, la cryptographie, les algorithmes, et d'autres applications utilisent ces services informatiques. En outre, selon Fortune Business, il est possible d'accélérer les découvertes pharmaceutiques et d'accroître la précision des modèles expliquant le changement climatique et ses effets, et « il sera efficace pour stimuler les solutions à de difficiles disciplines diversifiées. »
D'après les recherches FortuneBusiness, le marché mondial de l'informatique quantique a affiché une croissance substantielle de 22,4 % en 2020, par rapport à la croissance annuelle moyenne au cours de la période 2017-2019. L'informatique quantique est un type de technologie informatique de pointe basée sur la mécanique quantique et la théorie quantique.
L'ordinateur quantique a été utilisé pour le calcul basé sur les idées de la physique quantique. Il diffère de l'informatique traditionnelle en termes de vitesse, de bits et de données. L'informatique classique utilise deux bits, 0 et 1, mais le système utilise tous les états entre 0 et 1, ce qui donne des résultats supérieurs et un traitement plus rapide. Le système est surtout utilisé pour comparer plusieurs solutions et identifier la meilleure pour un problème compliqué.
Depuis plusieurs années, certains membres de la communauté HPC soupçonnent la Chine d'avoir caché au monde ses véritables capacités en matière de supercalculateurs. Ces soupçons auraient été confirmés par la publication, en avril de cette année, d'un article de recherche dans lequel des chercheurs universitaires chinois indiquent que 40 millions de cœurs hétérogènes au sein du supercalculateur Sunway de la Chine ont été affectés à une simulation basée sur l'apprentissage profond.
La réaction de Steve Conway, conseiller principal, HPC Market Dynamics, chez Hyperion Research, reflète un sentiment partagé par de nombreux observateurs du secteur du calcul intensif. « Ce développement ajoute de la crédibilité à l'idée que la Chine pourrait avoir délibérément omis de déclarer les résultats exascale Linpack pour la liste Top500 de novembre 2021 afin d'éviter d'attirer davantage de restrictions du gouvernement américain », déclare Conway.
Dans un communiqué de presse publié fin 2021, LightOn a annoncé l'intégration d'un de ses coprocesseurs photoniques dans le supercalculateur Jean Zay. En plus d'être l'un des ordinateurs les plus puissants au monde, actuellement classé 105ème au Top500, le supercalculateur français Jean Zay est désormais le premier calculateur haute performance (HPC) à disposer d'un coprocesseur photonique (qui peut fonctionner à la lumière plutôt qu'au courant électrique).
Contrairement aux processeurs traditionnels qui utilisent le courant électrique, le coprocesseur photonique de LightOn transmet et traite l'information par la lumière. Dans le cadre d'un programme pilote avec le GENCI et l'IDRIS, l'insertion d'un accélérateur photonique analogique de pointe dans un calculateur haute performance constitue une rupture technologique et une première mondiale.
Source : Université d'Oxford
Et vous :
Voir aussi :
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calvaireExpert confirméen soit il n' pas tord pour l'instant. Beaucoup de promesses mais rien de réellement concret.
Mais je pourrais affirmer la même chose dans pleins d'autres domaines comme l'ia, l'écologie... beaucoup de promesses mais quand on voit le concret y'a pas grand chose.le 05/09/2022 à 10:38 -
JipétéExpert éminent séniorChez moi, tous les états entre 0 et 1 ça signifie une infinité d'états, non ?
Et se palucher tous ces états serait plus rapide que d'en étudier seulement deux ?
Merci de m'expliquer.le 05/09/2022 à 10:18 -
Aurelien.Regat-BarrelExpert éminent séniorSe pose alors la question : "comment savoir s'il est possible ou pas d'avoir une réponse à une question ?". C'est un peu ce qu'un petit groupe de mathématiciens s'est demandé dans les années 30 sur la calculabilité d'une fonction mathématique : peut-on obtenir une solution ou pas ? C'est une question qui a pas mal stimulé un certain Allan Turing, avec les résultats qu'on connait. Tu devrais donc peut-être creuser le sujet
Tout ça me rappelle une histoire, qui devrait te plaire. Celle d'un mec qui cherche ses clés en pleine nuit sous un lampadaire. Un passant le voit faire et décide de l'aider. Mais il ne trouve pas non plus. Il lui demande alors où est-ce qu'il a perdu ses clés exactement : "là bas", en pointant du doigt une zone située à 10m du lampadaire. "Mais pourquoi vous cherchez ici alors?". "Parce que là bas il fait beaucoup trop sombre pour espérer y trouver quoi que ce soit".le 06/09/2022 à 2:41 -
JML19Expert éminent séniorBonjour
Ainsi va la vie :
La mouche qui se tape tout le temps contre le mur, un jour elle détruira le mur.
La mouche qui passe au-dessus du mur, ne saura jamais, qu'un jour elle pourra le détruire.le 06/09/2022 à 13:04 -
melka oneMembre expérimentéqui croire une société nommé FortuneBusiness ou un Un physicien d'Oxford ?le 05/09/2022 à 13:40
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floyerMembre avertiUtiliser "tous les états entre 0 et 1" est réducteur. Ce n'est pas le qubit A est à 0,75, le qubit B est à 0,33 etc. C'est plus subtil, car les différents qubits sont intriqués.
Ainsi, on peut avoir 2 qubits qui sont à moitié 01 et à moitié 10... mais pas du tout 00 ni 11. Du coup, en travaillant sur 32 qubits par exemple, c'est un peu comme si on travaillait sur 2^32 valeurs en même temps. J'ai dit "un peu", mais cela donne l'idée.
Du coup, cela peut être extrêmement efficace, mais pour des algorithmes très spécifiques. (Je vois mal l'usage pour l'ordinateur ou le serveur lambda). Par ailleurs, aligner beaucoup de qubits est problématique. Ce n'est pas simplement doubler le nombre de portes logiques quantiques.le 05/09/2022 à 21:39 -
Aurelien.Regat-BarrelExpert éminent séniorTa question me rappelle une citation de Bohr:
Envoyé par Bohr
edit : moi ce que j'en comprends c'est que c'est une pensée non linéaire, donc très déroutante pour nos cerveaux d'humainsle 05/09/2022 à 12:11 -
chrtopheResponsable SystèmesPour un début d'explication sur la superposition quantique :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Princi...tion_quantique
ci-dessous un lien avec un vidéo sur l'informatique quantique :
https://www.developpez.net/forums/d2...que-quantique/le 05/09/2022 à 20:30 -
10_GOTO_10Membre expérimentéErreur de logique : A => B ne veut pas dire !A => !B
!B => !A Là je suis d'accord ("si je la comprends c'est que je ne pense pas l'avoir comprise", pour être exact).le 07/09/2022 à 10:56 -
mullonchFutur Membre du ClubPas du tout. Tout est faux dans cette présentation.
Pour apporter une vulgarisation approximative mais plus juste :
le terme "quantique" repose sur le fait que l'ordinateur exploite les propriétés de la physique quantique pour effectuer du traitement d'information. L'ordinateur quantique porte donc à peu près correctement son nom, et ce bien loin de l'usage commercial.
Le qubit n'est pas dans un état entre les seuils des valeurs 0 et 1. Il est dans une superposition quantique de ces deux états (notés alors |0> et |1>ou comme on aime parfois le dire "Dans les deux états à la fois". Pour avoir une intuition de ce que signifie la notion de superposition ou de "deux états à la fois", je trouve que l’expérience des fentes de Young quantique est assez parlante.
Une observation d'un qubit en état de superposition ("dans deux états à la fois"projettera ce dernier dans un seul de ses deux états de base, aléatoirement selon des probabilités données.
Un ordinateur quantique est une machine capable d'appliquer des transformations physiques qui vont venir moduler ces probabilités avant l'observation (augmenter notre chance d'observer 1 ou d'observer 0). Il manipule donc les deux états de base du qubit en même temps.
<zone math facultative mais éclairante>
On définit l'état d'un qubit par les amplitudes de probabilité d'observer |0> ou |1>. On nommera ici ces amplitudes respectivement a et b.
les amplitudes sont des valeurs complexes dont le module au carré donne une probabilité d'observer un état.
ainsi, un qubit est dans un état :
a|0> + b|1>
avec comme contrainte sur a et b : |a|² + |b|² = 1.
|a|² étant la probabilité d'observer l'état 0 lors de la mesure et |b|² probabilité d'observer l'état 1.
a et b étant des valeurs complexes sur des intervalles continus, ils peuvent prendre une infinité de valeurs différentes.
Un qubit peut donc être dans une infinité d'états différents selon les valeurs de a et de b qui le définissent.
Exemple :
Le qubit dans l'état 1/√2|0> + 1/√2|1> a autant de chance d'être observé dans l'état 0 que dans l'état 1. (P(0) = |1/√2|² = 1/2 chance et P(1) = |1/√2|² = 1/2 chance également)
</zone math facultative mais éclairante>
Un registre de n qubits peut être dans une superposition de 2^n états et, de la même manière, une observation du registre projettera ce dernier dans un seul de ces 2^n états.
On va donc être capable avec un ordinateur quantique de manipuler les probabilités d'observer l'un ou l'autre des 2^n états de base du registre.
Un algorithme quantique répondant à un problème donné cherche donc à procéder à la manipulation des probabilités qui maximise nos chances d'observer un état qui est une solution à notre problème et minimiser nos chances d’observer un état qui ne répond pas à notre problème.
En espérant avoir été clair dans mon propos.le 08/09/2022 à 11:32