Pour asseoir sa domination dans le secteur technologique, et distancé son grand rival qu’est la Chine, le président Joe Biden a signé le 9 août 2022 la loi CHIPS et Science Act, donnant force de loi à ce paquet de 280 milliards de dollars qui comprend 52 milliards de dollars de financement pour stimuler la fabrication nationale de semi-conducteurs aux États-Unis.
Le 8 mars, les Pays-Bas ont annoncé dans une lettre adressée au parlement par leur ministre du Commerce, que de nouvelles restrictions sur les ventes à l'étranger de technologies de semi-conducteurs étaient nécessaires pour protéger la sécurité nationale.
Envoyé par The Netherlands
Comme décrit dans la lettre du Parlement du 1er décembre 2022, le gouvernement néerlandais a rédigé un cadre stratégique supplémentaire pour le contrôle des exportations de la technologie des semi-conducteurs. Ce cadre définit trois objectifs stratégiques avec la sécurité (inter)nationale comme point de départ, à savoir :
- empêcher que les produits néerlandais ne contribuent à une utilisation finale indésirables, tels que le déploiement militaire ou les armes de destruction massive ;
- prévenir les dépendances stratégiques indésirables à long terme ; et
- maintenir le leadership technologique néerlandais.
Il est important de noter ici que le gouvernement néerlandais considère ce cadre de contrôle des exportations comme faisant partie d'un effort plus large au profit de la chaîne de valeur des semi-conducteurs. Cela inclut des mesures visant à protéger certaines technologies dans le contexte du cadre susmentionné, pensez au test d'investissement (loi sur le test de sécurité, investissements, fusions et acquisitions) et aux mesures de sécurité des connaissances. Dans le même temps, des mesures sont nécessaires pour maintenir le leadership technologique. Par exemple, spécifiquement pour le secteur des semi-conducteurs, des travaux sont en cours au niveau européen sur le Chips Act.
L'Union européenne désire quadrupler sa production de puces d'ici 2030
Afin de stimuler l'informatique dématérialisée et l'informatique quantique en Europe. Le dernier effort en date des législateurs européens pour affirmer la résilience et le leadership technologique de l'UE aux yeux du monde est l'"EU Chips Act". Le projet de loi vise à accroitre la production de puces de l'UE d'ici 2030, en produisant jusqu'à 20 % des semi-conducteurs nécessaires pour les besoins des entreprises locales.
Il est vital que l'UE réduise sa dépendance à l'égard des importations en provenance d'Asie et d'ailleurs, et atténue les risques géopolitiques. Les futures industries européennes devraient pouvoir bénéficier de capacités de fabrication de puces basées en Europe et à la pointe de la technologie.Le président Joe Biden a signé le 9 août la loi CHIPS et Science Act, donnant force de loi à ce paquet de 280 milliards de dollars qui comprend 52 milliards de dollars de financement pour stimuler la fabrication nationale de semi-conducteurs aux États-Unis.
L'accord bipartisan visant à relancer l'innovation américaine en opposition à la domination technologique croissante de la Chine intervient dans un contexte de pénurie mondiale de semi-conducteurs. Cette pénurie a incité des fabricants comme Intel à investir dans de nouvelles usines afin de répondre à la demande croissante de produits technologiques tels que les ordinateurs portables et les smartphones dans le monde entier.
Mais les responsables américains craignent que, sans intervention du gouvernement, les fabricants de puces continuent à délocaliser leurs nouvelles fonderies en Chine, laissant peu de place aux États-Unis pour tirer profit d'une industrie dont ils ont été les pionniers il y a plusieurs décennies.
Joe Biden a appelé le Congrès à adopter le CHIPS Act, une loi qui fournirait 52 milliards de dollars de subventions. Le gouvernement de Biden voudrait que le financement de la loi CHIPS Act soit adopté sans délai, selon un briefing classifié entre de hauts responsables et un groupe bipartite de représentants du Congrès. Le groupe s'est réuni pour « discuter du besoin urgent d'investir dans des semi-conducteurs fabriqués en Amérique ainsi que dans la recherche et le développement qui protégeront notre sécurité économique et nationale », a déclaré la Maison-Blanche dans un résumé de la discussion.
Malgré le soutien bipartisan à la loi CHIPS Act, les 52 milliards de dollars qu'il a autorisés à financer le secteur américain des semi-conducteurs n'ont pas été accompagnés de fonds réels pour remplir cette nouvelle ligne comptable. L’annonce du gouvernement néerlandais marque son premier geste en faveur de l'adoption de règles, préconisées par Washington, visant à restreindre l'industrie chinoise de la fabrication de puces.
Le Japon a également participé à des discussions tripartites avec les Pays-Bas et les États-Unis, a déclaré à CNN une source au fait de ces discussions. Selon Reuters, Tokyo devrait publier dès cette semaine une mise à jour de sa politique en matière d'exportation de matériel de fabrication de puces.
Bien que la lettre ne mentionne pas ASML Holdings, la plus grande entreprise technologique d'Europe, les restrictions affecteront l'entreprise néerlandaise, qui est un fournisseur clé des fabricants de puces mondiaux, y compris ceux de la Chine. Voici, ci-dessous, le communiqué produit le 8 mars par ASML Holdings à ce sujet :
Envoyé par ASML Holdings
La porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Mao Ning, a accusé « certains pays » de « contraindre et d'inciter d'autres pays à prendre des mesures de restriction des exportations contre la Chine au détriment des intérêts de leurs alliés ».
Elle n'a pas nommé les États-Unis, mais les fonctionnaires chinois utilisent souvent les termes « certains pays » ou « quelques pays » lorsqu'ils formulent des critiques à l'égard de Washington.
« Nous espérons que les Pays-Bas ne suivront pas l'exemple de certains pays qui abusent des mesures de contrôle des exportations, a déclaré Mme Mao. La Chine prendra toutes les contre-mesures nécessaires pour protéger ses droits et intérêts légitimes. »
Cette semaine, le dirigeant chinois Xi Jinping s'en est pris aux États-Unis dans des propos inhabituellement directs, en appelant les entreprises privées chinoises à "se battre" aux côtés du parti communiste à une époque où les défis s'accumulent. Il a accusé les pays occidentaux, sous la houlette des États-Unis, d'essayer de "contenir" et de "réprimer" la Chine.
Pékin s'est fixé pour objectif de faire de la Chine un leader mondial dans un large éventail d'industries, notamment l'intelligence artificielle, la technologie sans fil 5G et l'informatique quantique.
En 2020, la Chine a injecté 2,2 milliards de dollars dans une entreprise locale de fabrication de puces. Le pays du soleil levant continue de multiplier des manœuvres pour réduire sa dépendance à l'égard de la technologie américaine. Cette action avait eu pour effet immédiat de faire passer le capital social de l'usine de Semiconductor Manufacturing International Corp de 3,5 à 6,5 milliards de dollars après l'investissement.
Conformément aux articles 9 et 10 du règlement, les Pays-Bas informent la Commission européenne et les États membres de la mesure de contrôle nationale, après quoi les autres États membres peuvent l'adopter.
La question qui se pose ici est de savoir si d'autres pays adopteront (immédiatement) les exigences néerlandaises en matière d'octroi de licences : ces équipements avancés de fabrication de semi-conducteurs ne sont présents que dans un nombre limité de pays dans le monde, ce qui signifie que pour de nombreux États membres, il n'y a pas de raison immédiate d'appliquer une exigence similaire en matière d'octroi de licences.
En outre, la disposition du règlement sur le double usage qui permet à d'autres États membres de l'UE de reprendre les mesures de contrôle nationales d'un État membre est nouvelle et n'a jamais été invoquée auparavant.
Au cours de la période écoulée, les Pays-Bas ont entretenu des contacts intensifs avec la Commission européenne et les États membres de l'UE afin d'expliquer l'importance de ce contrôle spécifique à la lumière de la sécurité nationale et d'obtenir un soutien en sa faveur. Le gouvernement poursuivra ces contacts au cours des prochains mois dans le but d'intégrer au mieux la liste de contrôle nationale en Europe.
Sources : The Netherlands, ASML
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Voir aussi :
Le Congrès sous pression pour adopter le financement du CHIPS Act et ses 52 milliards de dollars de subventions, pour faire progresser la fabrication de semi-conducteurs aux Etats-Unis
L'UE se fixe pour objectif 2030 de produire des semi-conducteurs de pointe, tandis que le Sénat US envisage un financement de 30 milliards $ pour stimuler le secteur de la fabrication de puces