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La Chine séduit les talents IT occidentaux dans la course à la suprématie dans le domaine des puces électroniques,
Elle cible les employés ayant accès aux technologies sensibles et sophistiquées occidentales

Le , par Mathis Lucas

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La Chine semble s'être lancée dans la chasse aux talents occidentaux en vue de concrétiser ses ambitions dans le domaine des puces électroniques. Un récent rapport indique que des employés occidentaux ayant accès au savoir-faire sensible sur les semiconducteurs de pointe ont reçu des messages LinkedIn, des courriels et des appels de représentants d'entreprises chinoises qui leur proposaient des offres de travail. Selon les témoignages, les chasseurs de têtes vont jusqu'à proposer aux employés trois fois leur salaire actuel pour rejoindre une entreprise chinoise. Le rapport révèle que Huawei figure parmi les entreprises qui tentent d'attirer les talents occidentaux.

Une chasse aux talents pour atteindre la suprématie technologique

Le rapport en question a été publié par le Wall Street Journal et cite des exemples d'entreprises occidentales dont les employés ont été approchés par les chasseurs de têtes chinois. L'allemand Zeiss SMT, leader mondial dans la production de systèmes et de modules pour la production de micropuces, figure par les entreprises ciblées. L'autonome dernier, des chasseurs de têtes affiliés au géant technologique chinois Huawei ont tenté de débaucher ses employés.


Des employés ayant accès aux technologies sensibles de Zeiss auraient été contactés via LinkedIn, courriels et appels. Le rapport indique que les représentants de Huawei leur ont offert jusqu'à trois fois leur salaire pour rejoindre la société chinoise. L'initiative aurait déclenché une enquête des services de renseignement allemands, qui craignent qu'elle ne permette à Huawei d'accéder à « une partie de la propriété intellectuelle la plus sophistiquée au monde ».

Selon des sources au fait du dossier, l'enquête reste ouverte. C'est le dernier signe en date que le pillage de talents est devenu un front crucial dans la bataille entre la Chine et l'Occident pour la suprématie technologique. L'Europe et les États-Unis sont particulièrement préoccupés par les efforts déployés par la Chine pour cibler ASML Holding, l'une des plus importantes entreprises technologiques sur le plan monde, et ses fournisseurs, dont l'allemand Zeiss.

L'entreprise néerlandaise est actuellement la seule au monde capable de fabriquer les machines sophistiquées nécessaires pour imprimer des structures inférieures à 1/10 000 de la largeur d'un cheveu humain sur des puces destinées à l'IA avancée et à d'autres applications. Il a fallu des décennies à ASML pour maîtriser ces machines de lithographie, connues sous le nom de scanners EUV. Sans elles, la Chine ne peut pas fabriquer de semiconducteurs de pointe.

Huawei aurait également ciblé Trumpf, une entreprise allemande qui produit un amplificateur laser qui crée une source de lumière concentrée pour produire des détails de puce, dont certains ont une fraction de la taille d'un grain de sable. Un porte-parole de Trumpf a déclaré que l'entreprise « a également enregistré des approches intensifiées de la part d'entreprises chinoises telles que Huawei ciblant nos employés ». « Aucune n'a abouti », a-t-il ajouté.

Le gouvernement néerlandais empêche ASML d'expédier à la Chine ses machines EUV, qui pourraient également avoir des applications militaires. Les restrictions américaines et européennes à l'exportation interdisent aux entreprises occidentales de livrer des équipements sensibles à des entreprises chinoises.

« Attirer des ingénieurs étrangers peut constituer un raccourci précieux pour les entreprises chinoises, car leur expérience ne peut pas être facilement dupliquée ou volée. Les gouvernements se préoccupent désormais davantage de cette question », note Paul Triolo, associé de DGA Group.

Des dizaines d'employés de l'industrie déjà débauchés par Huawei

Selon le rapport, depuis 2021, Huawei a embauché des dizaines d'ingénieurs et d'autres membres du personnel basés en Chine qui travaillaient dans le domaine de la lithographie et de l'optique pour des sociétés telles qu'ASML et d'autres entreprises occidentales. Un ingénieur chinois qui a quitté ASML il y a une dizaine d'années et qui connaissait certains de ses logiciels a ensuite créé une société rivale en Chine, selon les enregistrements des sociétés et ASML.

Un ancien employé d'ASML basé à Taipei a déclaré avoir reçu des demandes de renseignements de la part de recruteurs chinois tous les mois pendant deux ans après avoir quitté l'entreprise en 2020. L'ingénieur a déclaré que Huawei était particulièrement persistant, avec des efforts répétés pour se connecter sur LinkedIn. La Chine a clairement indiqué que le recrutement était une de ces priorités, en particulier pour les technologies compétitives telles que l'IA.

En 2017, un plan gouvernemental pour le développement de l'IA a appelé à attirer les talents les plus « pointus », y compris « les meilleurs scientifiques internationaux » dans des domaines tels que l'apprentissage automatique, la conduite autonome et les robots intelligents. De nombreux ingénieurs sont réticents à accepter de telles offres, invoquant des risques pour leur réputation et la crainte de ne pas pouvoir s'intégrer dans la culture d'entreprise chinoise.

Pourtant, le rapport indique que les entreprises chinoises multiplient les approches, une stratégie qu'un ancien recruteur de Huawei a décrite lors d'une interview comme « pulvériser et prier », de sorte qu'inévitablement, certains disent oui. Souvent, les talents débauchés apportent des secrets commerciaux. L'année dernière, Alon Raphael, PDG de FemtoMetrix, a révélé que trois anciens employés sont partis en Chine avec des secrets commerciaux.

FemtoMetrix est un fabricant de semiconducteurs basé en Californie. Alon Raphael a déclaré au Congrès que les secrets commerciaux de son entreprise avaient été volés lorsque trois employés étaient partis créer une société de puces en Chine, emportant avec eux des milliers de fichiers de FemtoMetrix. Alon Raphael a déclaré lors de son témoignage qu'il s'agissait d'un exemple du « manuel de jeu de la Chine pour le vol de la propriété intellectuelle américaine ».

Il a déclaré lors d'une interview par la suite que son entreprise est « à peine » encore en activité et qu'il n'a pas été en mesure de trouver un financement substantiel depuis le vol. De son côté, ASML a déclaré qu'il n'avait aucune indication d'une activité de recrutement inhabituelle à l'égard de ses employés. Le géant néerlandais des semiconducteurs a également déclaré que le taux de départ des employés est resté très faible aux Pays-Bas et dans le monde.

Des restrictions sur le recrutement par les entreprises étrangères ?

Les entreprises chinoises se concentrent sur divers pôles technologiques, notamment Taïwan, certaines régions d'Europe et la Silicon Valley. Certaines masquent leur origine chinoise en créant des entreprises locales qui embauchent les employés afin d'éviter d'attirer l'attention des autorités locales. Cela pousse « les États-Unis et l'Europe à se demander s'ils doivent faire davantage pour contrôler cette pratique et, dans l'affirmative, de quelle manière ».

Des gouvernements ont déjà restreint les partenariats universitaires et commerciaux avec la Chine ou introduit des programmes de contrôle des investissements pour les acquisitions chinoises. Le financement public des entreprises chinoises leur permet d'offrir des salaires supérieurs à ceux que peuvent payer les entreprises occidentales. Le ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré qu'il n'était pas au courant des exemples de débauchage de talents.

Taïwan, qui applique déjà des règles strictes en matière de recrutement chinois, a déclaré en septembre qu'il avait lancé une campagne de répression, accusant huit entreprises technologiques de Chine continentale de débaucher illégalement des talents de l'île, menaçant ainsi la compétitivité de Taïwan. Selon les experts, à l'heure actuelle, les États-Unis et l'Europe restent relativement ouverts au recrutement par la plupart des entreprises chinoises.

Toutefois, les responsables des services de renseignement européens affirment qu'ils observent avec inquiétude les acteurs liés à la Chine qui tentent d'attirer les experts des entreprises de haute technologie du continent. Dans leur dernière évaluation des menaces, les agences de renseignement américaines ont déclaré qu'elles pensaient que la Chine essayait d'utiliser le recrutement de talents pour devenir une superpuissance scientifique et technologique.

Les autorités sud-coréennes durcissent les sanctions à l'encontre des personnes qui transfèrent illégalement des technologies sensibles vers des pays étrangers tels que la Chine, y compris lorsqu'elles sont recrutées. Le pays est aux prises avec plusieurs affaires, dont une dans laquelle un ancien cadre de Samsung Electronics a été accusé d'avoir obtenu illégalement les plans d'une usine Samsung pour construire une usine de puces copiées en Chine.

Des lois sur la divulgation de secrets sur des technologies sensibles

Taïwan abrite le siège de TSMC, le plus grand fabricant de puces en sous-traitance au monde. Les autorités affirment avoir commencé à constater une augmentation du pillage de talents chinois et du vol de secrets commerciaux vers 2015. Frustrées, les autorités ont approuvé en 2022 de nouvelles règles interdisant à quiconque de divulguer à des pays étrangers des technologies essentielles à la sécurité nationale et à la compétitivité industrielle de Taïwan.

Les contrevenants risquent jusqu'à 12 ans de prison et une amende pouvant atteindre l'équivalent d'environ 3 millions de dollars. Taïwan a également renforcé les sanctions à l'encontre des entreprises nationales qui servent de façade aux entreprises chinoises pour recruter des talents. Lors de la dernière opération de répression menée à Taïwan, les autorités ont déclaré avoir perquisitionné 30 sites et interrogé 65 personnes dans quatre villes.

Parmi les huit entreprises accusées de débaucher illégalement des talents figure un grand fabricant chinois d'outils pour puces. Certaines entreprises chinoises de fabrication de puces tentent de dissimuler leurs origines, en travaillant avec des chasseurs de têtes basés à Singapour et à Hong Kong. Selon le rapport, ces entreprises s'associent également à des Taïwanais pour ouvrir des sociétés sur le territoire insulaire afin d'embaucher des ingénieurs locaux.

Il y a quelques années, Liang Mong Song, un ancien ingénieur taïwanais de haut niveau chez TSMC et Samsung, a rejoint le plus grand fabricant chinois de puces sous contrat, SMIC. Liang Mong Song est souvent crédité de l'ascension rapide de SMIC, basée à Shanghai, qui a aidé l'année dernière Huawei à produire son processeur de smartphone le plus avancé, une puce de sept nanomètres utilisée dans l'un de ses téléphones les plus puissants.

Les autorités allemandes s'inquiètent aussi des efforts déployés par la Chine pour attirer les ingénieurs de Zeiss. Les miroirs spécialisés de Zeiss constituent la pièce maîtresse des systèmes EUV élaborés d'ASML. Les technologies de Zeiss sont considérées comme tellement avancées que son siège est interdit à la plupart des visiteurs. Les images de son matériel promotionnel sont soigneusement éditées afin de ne pas divulguer de secrets commerciaux.

Berlin a récemment adopté une législation interdisant aux opérateurs de télécommunications d'utiliser des composants Huawei dans les parties sensibles des réseaux allemands, faisant ainsi écho aux restrictions plus strictes imposées par les États-Unis et d'autres pays occidentaux à Huawei en 2020.

Toutefois, les téléphones et autres produits de l'entreprise chinoise sont toujours vendus en Allemagne. Huawei gère cinq centres de recherche en Allemagne qui travaillent sur les systèmes optiques et d'autres domaines. De nombreux fonctionnaires sont sceptiques quant à la possibilité d'empêcher le pillage de talents.

Et vous ?

Quel est votre avis sur le sujet ?
Que pensez-vous des témoignages sur le débauchage de talents technologiques occidentaux par la Chine ?
Selon vous, quels sont les risques pour les pays occidentaux ? Faut-il restreindre le recrutement par les entreprises étrangères ?

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Avatar de marc.collin
Membre émérite https://www.developpez.com
Le 28/11/2024 à 19:48
si les entreprises au usa se vole les employés... je vois pas pourquoi ils devraient pas opter pour l'offre qu'il juge la plus intéressante pour eux...

la chine avance rapidement, malgré des sanctions américaines, européenne... ils ont peur... peut être intéressant de participer à cela...
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Avatar de RenarddeFeu
Membre averti https://www.developpez.com
Le 28/11/2024 à 22:39
C'est trop facile de voler des employés au vu des salaires ridicules proposés en Europe.
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Avatar de ormond94470
Membre actif https://www.developpez.com
Le 29/11/2024 à 11:43
On ne m'a pas encore appelé je suis déçu
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Avatar de ciola
Membre régulier https://www.developpez.com
Le 01/12/2024 à 16:01
C'est marrant le deux poids deux mesures des occidentaux.
Quand ça les arrange, ils trouvent tout à fait normal de piller les talants venant d'Asie mais quand ça marche dans l'autre sens, alors là c'est plus la même chose.
Il va falloir, une bonne fois pour toute, accepter que le bon temps des colonies et de notre domination du monde est bientôt terminé pour le bonheur du reste de l'humanité.
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