Les appareils connectés ont envahi notre quotidien. Des réfrigérateurs intelligents aux thermostats programmables, en passant par les voitures et même les vêtements, la numérisation s’est imposée comme une norme. Mais cette sophistication a un revers : la dépendance accrue aux mises à jour logicielles et la nécessité de redémarrer des dispositifs qui, autrefois, se contentaient de fonctionner sans encombre.
L’obsolescence programmée déguisée en innovation
Ce phénomène n’est pas seulement une question de praticité. Derrière cette multiplication des appareils connectés se cache une stratégie économique : l’obsolescence programmée. À travers des mises à jour forcées et des services cloud indispensables au bon fonctionnement des appareils, les entreprises contrôlent leur cycle de vie et poussent les consommateurs à renouveler leur matériel plus souvent qu’ils ne le feraient autrement.
Les voitures modernes, par exemple, nécessitent des correctifs logiciels réguliers pour leurs systèmes embarqués. Parfois, une mise à jour mal conçue peut même engendrer des dysfonctionnements nécessitant des interventions coûteuses. Et que dire des appareils électroménagers qui cessent de fonctionner si leurs logiciels internes ne sont pas mis à jour ?
Quand la complexité devient un problème
Raymond Chen, un ancien ingénieur de Microsoft, évoque cette ironie avec frustration. Autrefois, les objets du quotidien étaient fiables et simples. Aujourd’hui, une brosse à dents connectée peut signaler une erreur, exiger un correctif logiciel, voire refuser de fonctionner si elle n’est pas mise à jour. Cette situation illustre un problème plus large : la complexité excessive de la technologie moderne.
Envoyé par Raymond Chen
Pour être plus précis, le mot reboot (« redémarrage ») remonte à plus de quarante ans, mais ce n'est que récemment qu'il a été associé aux appareils électroménagers de tous les jours. Chen n'a qu'à regarder du côté de son propre employeur : Près de 40 ans se sont écoulés depuis la sortie de Windows. Les utilisateurs se sont rapidement habitués à redémarrer régulièrement leur ordinateur pour maintenir la stabilité du système. Au fil du temps, cette pratique est devenue une caractéristique indésirable du système d'exploitation, en raison du flux incessant de mises à jour, dont certaines nécessitent d'éteindre et de rallumer l'ordinateur.
Il en va de même pour les consoles. Alors qu'il suffisait autrefois d'insérer une cartouche et d'appuyer sur l'interrupteur pour lancer quelques heures d'amusement, aujourd'hui, si les mises à jour n'ont pas été appliquées assidûment, il peut y avoir une attente importante pendant que les correctifs sont téléchargés, appliqués et que l'inévitable redémarrage se produit. Il parait que c'est un progrès.
Il y a quarante ans, l'idée qu'un inconnu suggère, dans un forum en ligne, de redémarrer une brosse à dents pour qu'elle fonctionne aurait été risible. Aujourd'hui, tout semble avoir besoin d'une mise à jour et d'un redémarrage. Alors que la technologie s'est considérablement améliorée au fil des ans, l'acceptation du fait que tout doit être « intelligent » est stupide.
Vers une reconquête de la simplicité
Si la connectivité apporte des avantages indéniables, elle ne devrait pas être une contrainte. Le cri du cœur de cet ancien de Microsoft reflète une aspiration croissante à la simplicité et à la fiabilité.
Certains consommateurs commencent à se détourner des objets connectés au profit de solutions plus traditionnelles et durables. Des entreprises misent sur des produits déconnectés mais performants, et le mouvement du "right to repair" (droit à la réparation) prend de l’ampleur pour contrer les abus des fabricants.
Le constat est clair : l’innovation ne devrait pas être synonyme de dépendance ni de complications inutiles. Peut-être est-il temps de repenser notre rapport à la technologie et de redonner à nos objets du quotidien leur mission première : fonctionner, sans tracas et sans redémarrage intempestif.
Et pour ceux qui se poseraient la question sur ce qui s'est passé après le redémarrage de la brosse à dents, Raymond Chen explique :
« Oh, au fait, mes tentatives pour redémarrer la brosse à dents électrique ont échoué. J'ai dû la remplacer ».
Raymond Chen : il n'y a pas de mystère sur l'identité de l'auteur de l'écran bleu de la mort
L'ancien employé de Microsoft a déjà fait parlé de lui sur une autre thématique : il a clarifié l'identité de l'auteur de l'écran bleu de la mort de Microsoft Windows.
D'une manière ou d'une autre, on prétend qu'un mystère de 30 ans entoure l'écran bleu de Microsoft. L'argument avancé est qu'il existe trois sources contradictoires de paternité : Steve Ballmer, John Vert et Raymond Chen. Mais en réalité, il n'y a pas de conflit. Il y a trois écrans bleus différents, et chacun a un auteur différent.
Le premier est l'écran Ctrl+Alt+Del de Windows 3.1, qui est un écran bleu de malheur, pas de mort.
Le texte de ce message a été écrit par Steve Ballmer. (Il n'a pas écrit le code permettant d'afficher le message ; il a simplement écrit le texte du message).
Windows 3.1 n'avait pas d'écran bleu de la mort. Si Windows tombait en panne, on obtenait ce que l'on pourrait appeler de manière anachronique un écran noir de la mort :
Vient ensuite l'erreur du noyau de Windows 95, que l'on peut considérer comme un "écran bleu de la mort", bien que Windows 95 vous permette d'ignorer l'erreur, et qu'il ne s'agisse donc pas d'une véritable mort. (Toutefois, il n'y a aucune garantie que le fait d'ignorer l'erreur vous ramène à un système utilisable).
C'est Raymond Chen qui a donné sa forme définitive à cette version du message d'écran bleu d'erreur du noyau de Windows 95. (Certaines personnes ont identifié à tort une première version de ce message comme étant un écran bleu de Windows NT).
Le troisième écran bleu de la mort est l'erreur du noyau de Windows NT, et c'est celui dont l'auteur est John Vert.
Il s'agit d'un véritable "écran bleu de la mort" : Le système est irrémédiablement mort à ce stade.
Près de la moitié des projets IoT ne testent pas la sécurité des logiciels
Malgré le fait que le code tiers dans les projets IoT ait augmenté de 17 % au cours des cinq dernières années, seuls 56 % des équipementiers disposent de politiques officielles pour tester la sécurité.
Un rapport de GrammaTech, société spécialisée dans les tests de sécurité et la recherche logicielle, basé sur les résultats d'une enquête de VDC Research, révèle que ce chiffre est atteint malgré le fait que 73,6 % des personnes interrogées considèrent la sécurité comme importante, très importante ou critique.
« Le code tiers commercial, qui est le logiciel composant qui connaît la croissance la plus rapide au sein du marché de l'IoT, peut contenir des composants propriétaires et open source », explique Andy Meyer, directeur marketing de GrammaTech. « Le manque de visibilité sur cette "nomenclature logicielle" pose des risques de sécurité et de sûreté. Grâce à l'analyse de la composition logicielle binaire, les entreprises peuvent savoir exactement ce que contiennent leurs applications et remédier aux vulnérabilités avant de lancer de nouveaux produits ».
Il ressort également du rapport que la sécurité est le deuxième défi de développement le plus cité pour les appareils IoT, mais que seulement 56 % des entreprises disposent de politiques et de procédures officielles pour tester la sécurité des appareils IoT.
L'IoT est un danger pour la vie privée, une technologie à risque accordant peu de place aux logiciels libres
Dans une interview qu'il a accordée au média TFIR et à son fondateur Swapnil Bhartiya, Richard Stallman a fait savoir à la communauté tout le mal qu’il pensait des objets connectés (IdO) et des technologies qui sous-tendent leur fonctionnement.
Les éléments mis en avant par Stallman pour justifier son animosité vis-à-vis des objets connectés ont un lien direct avec les notions fondamentales de respect de la vie privée et de protection des données des utilisateurs. Stallman déplore le fait que le marché de l’IdO est en grande partie contrôlé par des acteurs qui privilégient l’usage de logiciels propriétaires au détriment des logiciels libres, alors que, selon lui, seuls le développement et l’adoption de logiciels libres à plus grande échelle permettraient de garantir une meilleure protection des données et de la vie privée des utilisateurs d’objets connectés.
D’après lui, encourager cette tendance « injuste » contribue à la vulgarisation de mouchards et de logiciels propriétaires potentiellement malveillants. Il estime que, dans l’état actuel des choses, ce type d’appareil se prêterait mieux à un usage industriel ou en entreprise et que leur adoption par le grand public ne ferait que renforcer la surveillance illégale et les abus (l’exploitation illégale des données collectées notamment) dont seraient régulièrement victimes les utilisateurs. Un clin d’œil au scandale de Cambridge Analytica ?
Pour le créateur du système d’exploitation libre « GNU », il serait temps que le consommateur apprenne à dire non à certaines pratiques inappropriées qui ont cours dans l’industrie technologique et d’interdire aux entreprises l’accès ou la collecte de certaines données de l’utilisateur à moins que ces opérations ne soient nécessaires et en rapport direct avec les activités ou les services qu'elles proposent.
Source : Raymond Chen
Et vous ?
Avez-vous une anecdote qui y ressemble sur un appareil connecté ? Partagez-là.
Sommes-nous réellement gagnants avec des objets de plus en plus sophistiqués, ou avons-nous perdu en simplicité et en fiabilité ?
À quel moment la technologie cesse-t-elle d’être une aide pour devenir une contrainte ?
La complexité actuelle des appareils est-elle un progrès inévitable ou un excès que nous pourrions éviter ?
La nécessité des mises à jour constantes est-elle une stratégie des entreprises pour nous forcer à renouveler nos appareils ?
Que pensez-vous du "right to repair" et des initiatives visant à rendre les objets plus durables et réparables ?
L’interdépendance entre matériel et logiciel est-elle une évolution positive ou un piège économique ?
L’omniprésence des objets connectés accentue-t-elle notre dépendance à la technologie au détriment de nos capacités manuelles et cognitives ?