
L'opinion publique taïwanaise est réticente à l'idée que TSMC transfère ses technologies de pointe vers les États-Unis. Un récent sondage révèle que 84,8 % des Taïwanais sont opposés à ce transfert, 60,8 % exprimant une forte désapprobation. Les Taïwanais craignent que les États-Unis cessent de les protéger face à la Chine une fois qu'ils auront mis la main sur les processus de fabrication les plus avancés de TSMC. Une bonne partie des répondants (52,8 %) prennent au sérieux la menace du président américain Donald Trump d'imposer des droits de douane sur puces taïwanaises. Toutefois, ils pensent qu'il est primordial que l'île protège son « bouclier de silicium ».
Les Taïwanais n'entendent pas céder aux pressions de Donald Trump sur TSMC
TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Co.) est le plus grand fabricant de puces sous contrat au monde. Il produit plus 92 % des semiconducteurs de pointe importés par les États-Unis, en fabricant des puces pour les géants américains tels que Nvidia, Apple, AMD, Qualcomm, Marvell et Analog Devices. Cependant, TSMC subit des pressions pour transférer sa production aux États-Unis face à la menace de la Chine qui revendique la souveraineté sur l'île.
Donald Trump a accentué les pressions sur TSMC en déclarant qu'il envisage d'imposer des droits de douane de 25 % à 100 % sur les puces fabriquées à Taïwan. Le président américain accuse Taïwan d'avoir avalé l'industrie américaine des semiconducteurs et exige que TSMC délocalise sa production aux États-Unis.
Mais les Taïwanais s'opposent majoritairement à cette idée. Près de 85 % des Taïwanais interrogés dans le cadre d'un sondage s'opposent au transfert des technologies TSMC aux États-Unis. Le sondage, réalisé par le groupe de réflexion Foundation for the People, a révélé que 85,6 % des répondants s'attendent à ce que Donald Trump impose des droits de douane à Taïwan, tandis que 52,8 % considèrent les droits de douane comme étant « très probables ».
Seuls 40,6 % des répondants considèrent que le commerce entre Taïwan et les États-Unis est équitable, tandis que 62,4 % estiment que les États-Unis ont l'avantage dans les négociations. En réponse aux affirmations du président américain Donald Trump selon lesquelles « Taïwan a avalé l'industrie américaine des semiconducteurs », 88,4 % des personnes interrogées ont exprimé leur désaccord, et 59,2 % s'opposant catégoriquement à cette affirmation.
Le sondage a été réalisé par le biais de publicités sur Facebook du 18 au 21 février 2025. Les auteurs déclarent avoir respecté des quotas de sexe, d'âge, de région et de niveau d'éducation. Il a recueilli 1 042 réponses valides, avec une marge d'erreur de ±3,03 % à un niveau de confiance de 95 %.
TSMC : un objet de convoitise dont Américains et Chinois tentent de s'emparer
Pendant des décennies, Taïwan a fait de son industrie des semiconducteurs un atout géopolitique majeur. L'île produit plus de 60 % des semiconducteurs mondiaux et plus de 90 % des puces les plus perfectionnées. Cela a fait de Taïwan un élément essentiel des chaînes d'approvisionnement mondiales et un partenaire irremplaçable pour les grandes entreprises technologiques. L'île est alors devenue un enjeu stratégique pour la Chine et les États-Unis.
En mettant la pression sur Taïwan et TSMC, les États-Unis tentent non seulement de sécuriser leur approvisionnement en semiconducteurs, mais aussi de mettre la main sur les processus de fabrication de puces de dernière génération. Dans ce cas, si la Chine venait à envahir Taïwan, les États-Unis seraient à l'abri des impacts sur les usines de fabrication de puces de TSMC ou d'une rupture potentielle de la chaîne d'approvisionnement des puces.
Le sondage réalisé par le groupe de réflexion Foundation for the People a révélé que « les Taïwanais considèrent qu'il est important que l'île protège vigoureusement son bouclier de silicium ». Le terme « bouclier de silicium » fait référence à la position dominante de Taïwan dans le domaine des semiconducteurs. Cet état de choses dissuade les menaces en rendant cette petite île du Pacifique indispensable à l'économie mondiale.
L'opinion publique taïwanaise reflète un profond malaise face à l'expansion de TSMC à l'étranger. Beaucoup craignent que les technologies les plus avancées de l'entreprise ne soient partagées avec des entreprises américaines, ce qui réduirait l'avantage concurrentiel de Taïwan. Certains législateurs taïwanais ont même proposé des mesures visant à limiter le transfert du savoir-faire de TSMC en matière de semiconducteurs vers les pays étrangers.
Les Taïwanais craignent en effet d'être abandonnés face à la menace de la Chine une fois que les États-Unis auront accaparé les technologies les plus avancées de TSMC. Il convient de souligner que le président américain Donald Trump a déjà suggéré publiquement que Taïwan devrait payer pour sa défense.
TSMC n'envisage pas de livrer les secrets sur ses technologies les plus avancées
TSMC prévoit de dépenser 100 milliards de dollars dans la construction d'usine de fabrications de puces de pointe aux États-Unis. Cependant, l'entreprise n'envisage pas de laisser les États-Unis accéder à ses technologies les plus avancées, comme les technologies permettant de graver des puces en 2 nanomètres. Le ministre taïwanais des Affaires économiques a rassuré le public en affirmant que TSMC ne céderait pas ses technologies les plus avancées.
La nouvelle usine de TSMC en Arizona, par exemple, se concentrera sur la fabrication de puces avancées gravées en 4 et 3 nm, mais pas le processus de pointe de 2 nm que TSMC développe à Taïwan. Toutefois, malgré ces assurances, le scepticisme demeure. Nombreux sont ceux qui, à Taïwan, craignent que la pression continue exercée par les États-Unis n'aboutisse finalement à un transfert de technologie plus important, nuisant à l'influence de Taïwan.
Il est peu probable que le débat sur les transferts de technologie s'estompe bientôt. L'entreprise reste un acteur essentiel de l'économie taïwanaise et de l'industrie technologique mondiale, conciliant les exigences de ses principaux clients, de ses alliés politiques et des intérêts stratégiques de son pays d'origine.
À l'avenir, Taïwan pourrait chercher à mettre en œuvre des réglementations plus strictes sur les transferts de technologie afin de s'assurer que son expertise en matière de semiconducteurs reste protégée. Dans le même temps, les États-Unis poursuivront leurs efforts en vue d'une plus grande autonomie en matière de fabrication de semiconducteurs, ce qui pourrait modifier l'équilibre des forces dans l'industrie mondiale des semiconducteurs.
Outre les tensions géopolitiques autour de Taïwan, la Chine et les États-Unis se livrent une guerre commerciale dans le secteur des nouvelles technologies. Les États-Unis sont confrontés à une concurrence féroce de la part de la Chine, notamment en matière d'innovation dans le domaine de l'IA et de l'informatique grand public. Pour tenter de ralentir la Chine, Washington a imposé des restrictions sur les importations de technologies américaines vers la Chine.
Les alliés des États-Unis se sont joints aux efforts de Washington pour freiner les avancées de la Chine, mais les experts affirment que les effets des sanctions ne dureront pas à long terme. En décembre dernier, le PDG d'ASML a déclaré que la Chine a 10 à 15 ans de retard en matière de fabrication de puces de pointe. Cependant, il a ajouté que les entreprises chinoises travaillent sur leurs propres machines EUV afin d'échapper aux restrictions occidentales.
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