
et son activité de fonderie peine à décoller
Les actions d'Intel ont bondi de près de 19 % après la nomination de Lip-Bu Tan en tant que PDG du fabricant de puces. Wall Street et analystes sont optimistes quant à sa capacité à redresser Intel. Mais les défis sont multiples et suscitent des interrogations sur l'avenir d'Intel. Ces défis comprennent des retards dans sa ligne de produits de puces pour serveurs, un marché des puces pour PC hautement compétitif, l'absence d'une offre convaincante de puces pour l'IA, et plus de 10 milliards de dollars de pertes dans son activité de fonderie au cours des 12 derniers mois. Pour certains analystes, il n'y a pas de solution rapide à ces problèmes.
Wall Street réagit positivement à la nomination de Lip-Bu Tan à la tête d'Intel
Intel fait face à des défis importants depuis quelques années : plusieurs licenciements massifs en 2022 et 2023, des résultats financiers décevants, la chute historique de l'action Intel, le procès intenté par les actionnaires mécontents ou encore la vente de sa participation dans le concepteur de puces britannique ARM Holdings. Ces vents contraires ont entraîné des divergences internes, ce qui a conduit à la démission de l'ancien PDG Pat Gelsinger en décembre.
Intel a nommé Lip-Bu Tan comme nouveau PDG le 12 mars 2025. Lip-Bu Tan, ancien membre du conseil d'administration d'Intel et vétéran de l'industrie des semiconducteurs, a précédemment dirigé Cadence Design Systems avec succès. L'annonce de sa nomination a été bien accueillie par Wall Street.
Il rejoindra l'entreprise le 18 mars. Il apporte deux décennies d'expérience dans l'industrie des puces, des relations dans tout le secteur, l'état d'esprit d'une startup et une obsession pour l'IA. Il a des relations d'affaires délicates avec la Chine, ce qui souligne l'incapacité de la Silicon Valley à se séparer de l'un des principaux adversaires des États-Unis. Wall Street a réagi positivement à sa nomination, puis l'action Intel a fait un bon significatif les jours suivants.
Le jeudi 13 mars 2025, l'action Intel a bondi de 14,6 % pour clôturer à 23,70 dollars. Cependant, au cours de l'année écoulée jusqu'à la clôture du mercredi 12 mars 2025, l'action Intel a chuté de plus de 53 %. L'entreprise a traversé une année 2024 tumultueuse et la direction à prendre n'est toujours pas claire.
Selon plusieurs analystes, l'action Intel risque d'être confrontée à un chemin semé d'embûches. « La nomination de Tan en tant que PDG est un bon début, mais Intel a des défis importants à relever », a déclaré Joseph Moore, analyste chez Morgan Stanley, dans une note à l'intention des clients.
David Zinsner et Michelle Johnston Holthaus, qui ont occupé le poste de co-PDG par intérim à la suite de démission de l'ex-PDG Pat Gelsinger, resteront dans l'entreprise. David Zinsner restera vice-président exécutif et directeur financier, et Mme Johnston Holthaus restera directrice générale d'Intel Products.
Lip-Bu Tan doit relever des défis complexes et variés afin de redresser Intel
Joseph Moore, de Morgan Stanley, place l'action Intel dans la catégorie « poids égal » ou « neutre », avec un objectif de prix de 25. La banque d'investissement Stifel, basée à Saint-Louis, dans le Missouri, aux États-Unis, a déclaré que le nouveau PDG d'Interl est « un élément positif à long terme », mais Intel est confronté à une longue période de transition pour s'adapter au marché désormais centré sur l'IA. Stifel attribue à l'action Intel la note « hold ».
Dès sa prise de fonction, Lip-Bu Tan doit faire face à de nombreux défis : des retards dans sa ligne de produits de puces pour serveurs, un marché des puces pour PC très compétitif, l'absence d'une offre convaincante de puces pour l'IA, et plus de 10 milliards de dollars de pertes dans son activité de fonderie au cours des 12 derniers mois. « Il n'y a pas de solution rapide à ces problèmes », a déclaré Joseph Moore de Morgan Stanley.
Cadence Design Systems traversait une période de turbulences similaire à celle d'Intel lorsque Lip-Bu Tan en a pris la direction en 2009. Il est parvenu à recentrer l'entreprise, à pousser ses services vers le cloud et à gagner de nouveaux clients, dont Apple. L'entreprise, qui était sur le point d'être radiée de la cote, a vu le cours de ses actions augmenter de plus de 3 000 % pendant le mandat de Lip-Bu Tan. Ce qui suscite l'enthousiasme des investisseurs.
Lors d'entretiens publics, il a décrit la manière dont il a abordé la refonte de la culture de Design Systems afin d'éliminer ce qu'il décrit comme des silos. « J'ai essayé de la transformer en une culture d'équipe unique », a-t-il déclaré lors d'un entretien en 2018 avec le Computer History Museum dans la Silicon Valley.
Lip-Bu Tan, qui a déclaré que l'arrivée de l'IA générative était plus importante que l'invention du Web, a passé les dernières années à investir dans des startups d'IA du monde entier. Habana Labs, une startup israélienne d'IA dans laquelle Lip-Bu Tan a investi, a été vendue à Intel pour environ 2 milliards de dollars en 2019. Il a souvent vanté le potentiel de l'IA pour révolutionner le développement de médicaments, notamment contre le cancer.
Intel a officiellement raté le train de l'IA dans les centres de données, mais conserve une chance à la périphérie du réseau et sur le PC, l'abandon de Falcon Shores étant un signe de failles stratégiques. Intel doit trouver le moyen de proposer des offres convaincantes face à Nvidia sur le marché des puces pour l'IA.
Les activités de fonderie d'Intel dans la ligne de mire
Le 12 mars 2025, l'action Intel a progressé de 4,6 % pour clôturer à 20,68 dollars à la suite d'une information selon laquelle un consortium d'entreprises a proposé de reprendre ses activités de fabrication de puces. Selon un rapport de Reuters, le géant taïwanais TSM a proposé aux fabricants de puces américains tels qu'AMD, Broadcom et Nvidia de prendre des participations dans une coentreprise pour gérer les activités de fabrication de puces d'Intel.
« La nomination de Lip-Bu Tan semble calmer les spéculations selon lesquelles Intel pourrait scinder ses activités de production et de fabrication », a déclaré Joshua Buchalter, analyste chez TD Cowen, dans un rapport. Dans un message adressé aux employés d'Intel, Lip-Bu Tan a reconnu que les dernières années ont été « difficiles » pour la société. Toutefois, il a déclaré qu'il est prêt à remodeler l'entreprise pour qu'elle connaisse le succès à l'avenir.
Intel a déjà laissé entrevoir une issue plus probable : faire appel à des bailleurs de fonds extérieurs, y compris des clients qui souhaitent prendre part à la fabrication. Le sort d'Intel va dépendre également en partie du président américain Donald Trump, qui a indiqué qu'il souhaitait abroger le CHIPS Act.
Le CHIPS Act est une loi signée par son prédécesseur Joe Biden et qui vise à investir plus de 50 milliards de dollars dans les semiconducteurs. Intel recevrait jusqu'à environ 8 milliards de dollars dans le cadre de cette loi, sous réserve du développement de nouvelles usines qui ont connu des retards.
Selon Mark Rosenblatt, fondateur de Rationalwave Capital Partners, si l'on met les capacités de Lip-Bu Tan à part, Intel reste très en retard dans la production de puces modernes. Son rival taïwanais TSMC produit plus de la moitié des puces les avancées utilisées dans le monde. Et le bilan d'Intel n'est pas suffisant pour supporter les coûts nécessaires pour y parvenir durablement et mettre à l'échelle la fabrication nécessaire pour la soutenir.
Redynamiser Intel avec une nouvelle culture interne
Selon des sources proches d'Intel, Lip-Bu Tan n'a probablement pas plus d'un an pour redresser la société. Les décennies que Lip-Bu Tan a passées à investir dans des startups et à diriger des entreprises donnent des indications sur la manière dont il s'attaquera à cette tâche dans les premiers jours : Lip-Bu Tan devrait notamment réduire les dépenses, agir rapidement et essayer de faire en sorte qu'Intel redevienne une société axée sur l'ingénierie.
« Dans les domaines où nous sommes en retard sur la concurrence, nous devons prendre des risques calculés pour nous démarquer et faire un bond en avant. Et dans les domaines où nos progrès ont été plus lents que prévu, nous devons trouver de nouveaux moyens d'accélérer le rythme », a déclaré Lip-Bu Tan dans une note adressée aux employés d'Intel après sa nomination. Il pourrait être tenté d'instaurer une culture de travail « hardcore ».
Nombreux sont ceux qui considèrent que l'impulsion d'une nouvelle culture signifie également des réductions significatives chez Intel, qui a déjà supprimé environ 15 000 emplois l'année dernière. « Il est suffisamment courageux pour adapter les effectifs à la taille nécessaire pour l'entreprise aujourd'hui », a déclaré Reed Hundt, un ancien membre du conseil d'administration d'Intel qui connaît le nouveau PDG Lip-Bu Tan depuis les années 1990.
Le premier mandat de Lip-Bu Tan chez Intel, en tant que membre du conseil d'administration de 2022 à 2024, s'est terminé par une frustration, selon des personnes proches de lui. Lip-Bu Tan avait invoqué des contraintes de temps pour justifier son départ précipité de l'entreprise l'année dernière.
Toutefois, les initiés de l'entreprise pensent que Lip-Bu Tan en avait assez des effectifs pléthoriques et de la direction prise par le PDG de l'époque, Pat Gelsinger. Le retour de Lip-Bu Tan, cette fois-ci en tant PDG d'Intel, est donc le signe d'un changement inévitable de stratégie pour le fabricant de puces.
Les relations délicates de Lip-Bu Tan avec la Chine
La Chine est devenue le principal rival technologique des États-Unis. Avant de se faire connaître dans l'industrie des semiconducteurs, Lip-Bu Tan était connu comme l'un des premiers investisseurs en capital-risque de la Silicon Valley à investir en Asie. Il est le fondateur et le président de Walden International, un fonds d'investissement prolifique qui a investi massivement dans les startups technologiques chinoises.
Lip-Bu Tan a été un grand défenseur du secteur chinois des puces à une époque où les relations entre les États-Unis et la Chine étaient nettement plus positives, notamment en co-investissant avec un gestionnaire d'actifs appartenant à l'État chinois. Walden International a été l'un des premiers investisseurs de Semiconductor Manufacturing International, une société chinoise que le ministère américain du Commerce a mise sur la liste noire en 2020.
La maison Blanche avait mis en avant des liens présumés de l'entreprise avec l'armée chinoise. Walden International a vendu sa dernière participation en 2021. En 2023, le House Select Committee on the Chinese Communist Party a envoyé une lettre à Lip-Bu Tan pour lui faire part de ses « graves préoccupations » concernant les investissements de Walden International en Chine, y compris dans des entreprises figurant sur la liste noire des États-Unis.
Un rapport ultérieur de la commission a mis en évidence des centaines de millions de dollars d'investissements de Walden International dans des entreprises chinoises impliquées dans des activités militaires ou des violations des droits de l'homme. Les liens de Lip-Bu Tan avec la Chine suscitent des inquiétudes.
Les nombreuses difficultés rencontrées par Intel sous l'ex-PDG Pat Gelsinger
Pat Gelsinger a été nommé PDG d'Intel en février 2021. Le mois suivant, il a mis en œuvre le plan de redressement d'Intel (IDM 2.0), conçu pour redonner à Intel son avantage concurrentiel et l'aider à se concentrer sur la revitalisation de ses capacités de production (y compris la fabrication de puces pour d'autres entreprises), sur l'investissement dans les technologies de pointe en matière de puces et sur l'expansion sur de nouveaux marchés.
Toutefois, les observateurs du secteur ont prévenu qu'il faudrait des années pour réaliser le plan de redressement des activités de fonderie d'Intel, et beaucoup s'attendent à ce que TSMC conserve sa position de leader dans le domaine de la fonderie au cours des prochaines années.
Depuis, Intel a fait face à différentes situations. Selon un rapport, Pat Gelsinger a été évincé après que le conseil d'administration a perdu confiance dans sa capacité à redresser le fabricant de puces. Pat Gelsinger aurait eu la possibilité de se retirer ou d'être démis de ses fonctions, et il a choisi de se retirer.
Intel a pris des mesures pour devenir rentable et compétitif pendant le mandat de Pat Gelsinger, notamment en s'engageant à vendre les deux tiers de ses biens immobiliers avant fin 2024. La société a également déclaré qu'elle ne paierait pas son dividende au quatrième trimestre fiscal de 2024 et a abaissé ses prévisions de dépenses d'investissement pour l'ensemble de l'année de plus de 20 %. Intel a également procédé à des licenciements massifs.
Le fabricant de puces a déclaré qu'il licencierait plus de 15 % de ses employés dans le cadre d'un plan de réduction des coûts de 10 milliards de dollars. En outre, Pat Gelsinger affirmait investir massivement dans la recherche et le développement afin de permettre à l'entreprise de retrouver sa position dominante dans l'industrie des semiconducteurs, après que ses rivaux, dont AMD, ont pris une plus grande part du marché au cours des dernières années.
La part de marché d'Intel sur le marché des GPU est passée de 2 % au deuxième trimestre 2023 à 0 % au deuxième trimestre 2024, tandis que la part de marché de Nvidia est passée de 80 % au deuxième trimestre 2023 à 88 % au deuxième trimestre 2024. Ce qui a créé des incertitudes quant à l'avenir d'Intel.
Pour rester compétitif dans ce domaine, Pat Gelsinger avait annoncé qu'Intel allait se séparer d'Intel Foundry en tant que "filiale indépendante au sein d'Intel", tandis que la construction d'usines de fabrication de puces en Allemagne et en Pologne a été suspendue. Mais il n'en sera rien.
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