
« Le PDG d'INTEL est en situation de CONFLIT d'intérêts et doit démissionner immédiatement. Il n'y a pas d'autre solution à ce problème », a déclaré Trump dans un message publié sur sa plateforme Truth Social.
Donald Trump a appelé le nouveau directeur général d'Intel, Lip-Bu Tan, à démissionner, affirmant que ce vétéran de l'industrie des semi-conducteurs était « en situation de conflit d'intérêts ».
« Le PDG d'INTEL est en situation de CONFLIT d'intérêts et doit démissionner immédiatement », a déclaré Trump jeudi dans un message publié sur son site web Truth Social. « Il n'y a pas d'autre solution à ce problème. »
Le message du président américain ne fournissait pas de détails sur les conflits d'intérêts présumés de Tan. La salve de Trump fait suite à une lettre adressée cette semaine par le sénateur républicain Tom Cotton au président du conseil d'administration du fabricant américain de puces, dans laquelle il exprimait « ses préoccupations concernant la sécurité et l'intégrité des activités d'Intel » et les liens de Tan avec la Chine.
Tan a beaucoup investi dans des entreprises technologiques chinoises, par l'intermédiaire de sa société de capital-risque basée à San Francisco ainsi que d'entreprises basées à Hong Kong. Parmi ses investissements passés figure Semiconductor Manufacturing International Corp, le plus grand fabricant de puces électroniques de Chine.
Intel, au cœur du bras de fer technologique États-Unis / Chine
Le contexte rend l’affaire explosive. Intel est l’un des principaux bénéficiaires du CHIPS and Science Act, un programme fédéral qui lui permettrait de bénéficier d'une dizaine de milliards de dollars de subventions et crédits fiscaux pour relocaliser la production de puces avancées aux États-Unis. Concrètement, la loi alloue 52,7 milliards de dollars à la recherche sur les semiconducteurs, à la fabrication et au développement de la main-d'œuvre aux États-Unis. Elle est perçue comme l'une des principales réalisations en matière de législation de la présidence Biden. Plusieurs entreprises en ont déjà bénéficié. Dans le cadre de ce programme par exemple, Intel a reçu une aide de 3,5 milliards de dollars du gouvernement américain pour la fabrication de puces destinées à l'armée. Le financement, qui s'étalerait sur trois ans, est destiné au programme « secure enclave ».
Mais Trump a tenté de mettre un terme au CHIPS Act.
Selon lui, cette loi est tout simplement « horrible ». « Vous devriez vous débarrasser du CHIPS Act, et tout ce qui reste, Monsieur le Président, vous devriez l'utiliser pour réduire la dette », a-t-il déclaré devant le Congrès. Donald Trump accuse les bénéficiaires du CHIPS Act de prendre des centaines de milliardaires de dollars du contribuable américain et de ne pas dépenser cet argent pour réaliser les projets initialement prévus. Il propose que le CHIPS Act soit abrogé et que son enveloppe soit réorientée vers la dette nationale.
« Votre CHIPS Act est une chose horrible, horrible. Nous donnons des centaines de milliards de dollars et cela ne sert à rien. Ils prennent notre argent et ne le dépensent pas », a déclaré Donald Trump. Pour contraindre les entreprises à installer des usines et à fabriquer leurs puces aux États-Unis, il veut miser sur les droits de douane. En mars, il a menacé d'imposer des droits de douane de 25 % sur toutes les importations de semiconducteurs dès le 2 avril 2025.
Il a également menacé d’imposer des tarifs douaniers allant jusqu’à 100 % sur les importations de semi-conducteurs chinois. Le soupçon que le patron d’Intel puisse avoir des affinités économiques avec Pékin va donc à l’encontre de cette ligne dure.
Pour Intel, la situation est délicate : l’entreprise tente depuis plusieurs années de rattraper son retard technologique face à des rivaux comme TSMC et Nvidia, tout en reconstruisant sa crédibilité auprès des investisseurs et des pouvoirs publics américains. Une crise politique majeure autour de sa gouvernance risque de ralentir cette remontée.
Tan dirigeait une entreprise qui a reconnu avoir enfreint les contrôles à l'exportation américains avec la Chine
Avant d'être nommé PDG d'Intel au début de l'année, Tan dirigeait Cadence Design Systems, une entreprise californienne qui a reconnu la semaine dernière avoir enfreint les contrôles à l'exportation américains en vendant ses outils de conception de puces à une université chinoise étroitement liée à l'armée.
Tan a été nommé PDG d'Intel en mars après que le conseil d'administration de l'entreprise de la Silicon Valley ait évincé son prédécesseur, Pat Gelsinger, en décembre.
Intel est la seule entreprise basée aux États-Unis capable de produire des semi-conducteurs de pointe, même si elle a jusqu'à présent largement raté le boom actuel des puces d'intelligence artificielle. Elle a reçu des milliards de dollars de subventions et de prêts du gouvernement américain pour soutenir son activité de fabrication de puces, qui a pris beaucoup de retard par rapport à son rival Taiwan Semiconductor Manufacturing Company.
Cependant, dans le cadre d'un programme radical de réduction des coûts, Tan a averti le mois dernier qu'Intel pourrait être contrainte d'abandonner le développement de sa technologie de fabrication de nouvelle génération si elle ne parvenait pas à trouver un « client externe important ». Une telle décision conférerait à TSMC le monopole virtuel de la fabrication de puces de pointe.
« Intel est tenu d'être un gestionnaire responsable des deniers publics américains et de se conformer aux réglementations de sécurité applicables », a écrit Cotton dans une lettre adressée mardi au président du conseil d'administration d'Intel, Frank Yeary. « Les relations de M. Tan soulèvent des questions quant à la capacité d'Intel à remplir ces obligations. »
La réaction d'Intel
Les actions d'Intel ont chuté jeudi après que le président Donald Trump ait demandé au PDG du fabricant de puces électroniques de démissionner.
Intel a déclaré jeudi dans un communiqué que la société, ses administrateurs et Tan étaient « profondément engagés à promouvoir les intérêts nationaux et économiques des États-Unis » :

Il y a à peine deux décennies, Intel symbolisait l’innovation dans le domaine des semi-conducteurs. Les campagnes « Intel Inside » étaient omniprésentes, et la firme fournissait les processeurs qui faisaient tourner l’essentiel des ordinateurs personnels dans le monde. Mais cette époque est bel et bien révolue.
Lip-Bu Tan aurait affirmé lors d'une séance de questions-réponses avec des employés mondiaux qu'il était « trop...
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