
l'écosystème est pensé autour de l’IA et du Neural Band
Lors de son événement Meta Connect 2025, le groupe de Mark Zuckerberg a présenté les Ray-Ban Display, une nouvelle génération de lunettes intelligentes qui franchit un cap décisif. Jusqu’ici, les modèles conçus en partenariat avec Ray-Ban étaient surtout centrés sur la capture vidéo et la commande vocale. Désormais, la promesse est plus ambitieuse : offrir à l’utilisateur un véritable affichage intégré dans une lentille, transformant les lunettes en un écran miniature toujours disponible dans le champ de vision.
Cette annonce illustre la stratégie de Meta : faire de la réalité augmentée légère la porte d’entrée naturelle vers ses services d’IA et de communication. Contrairement à un casque encombrant, les Ray-Ban Display misent sur un design qui se fond dans la vie quotidienne, avec une esthétique fidèle aux célèbres montures Wayfarer.
L’innovation majeure réside dans une lentille droite équipée d’un écran couleur capable de projeter des informations de manière lisible en plein soleil comme dans un espace sombre. Avec une résolution suffisante pour afficher du texte clair, des notifications, des cartes de navigation ou encore des sous-titres en temps réel, les lunettes deviennent un relais visuel entre l’utilisateur et ses applications.
La luminosité, ajustable jusqu’à des niveaux très élevés, permet de consulter son contenu même à l’extérieur. Certes, le champ de vision reste limité et monoculaire, mais ce choix s’explique : Meta privilégie la discrétion et l’usage quotidien à une immersion totale comme dans un casque de réalité mixte.
Un écosystème pensé autour de l’IA et du Neural Band
Les Ray-Ban Display ne sont pas seulement des lunettes : elles s’intègrent dans un écosystème. D’un côté, elles reposent sur l’intelligence artificielle maison de Meta pour traduire en direct, afficher des résumés de messages, donner des instructions de navigation ou générer des réponses rapides. De l’autre, elles s’appuient sur un accessoire inédit : le Meta Neural Band, un bracelet capable de détecter les signaux électriques des muscles du poignet.
Ce bracelet sert de télécommande invisible. En contractant certains muscles, l’utilisateur peut défiler dans un menu, sélectionner une option ou lancer une commande, sans avoir à toucher physiquement ses lunettes. L’ambition est claire : faire oublier les interfaces classiques pour proposer une interaction naturelle et discrète.

Des usages qui dépassent la simple notification
Meta imagine une panoplie d’usages pratiques. Les lunettes peuvent afficher des notifications et des messages sans avoir à sortir son smartphone. Elles permettent également de suivre une navigation GPS avec des flèches dans le champ de vision, de recevoir des sous-titres instantanés lors d’une conversation multilingue, ou encore de participer à un appel vidéo en filmant directement depuis la caméra intégrée.
Pour Meta, ces lunettes incarnent le futur de l’assistant personnel : un compagnon numérique qui accompagne chaque geste du quotidien, sans casser la continuité de l’expérience sociale. Contrairement à un smartphone qu’il faut consulter, les lunettes offrent un flux discret et contextuel d’informations.

Le prix d’un pari : accessibilité et autonomie en question
Les Ray-Ban Display seront commercialisées à 799 dollars aux États-Unis dès fin septembre 2025, avant un déploiement international en 2026. Un prix qui positionne ces lunettes dans une catégorie premium, mais qui reste inférieur à celui des casques de réalité mixte.
En revanche, l’autonomie demeure un enjeu : environ six heures d’utilisation mixte, ce qui oblige à compter sur l’étui de recharge pour tenir une journée complète. Pour un usage professionnel ou intensif, cette contrainte pourrait limiter l’adoption. De plus, les questions de confidentialité liées à la caméra intégrée, déjà soulevées avec les précédents modèles, demeurent vives.
Limites, défis et critiques
Même s’il s’agit d’une avancée, certaines limites ou points de vigilance apparaissent :
- Autonomie : 6 heures d’usage mixte pour l’écran AR est raisonnable, mais reste modeste si l’on utilise beaucoup les fonctions visuelles. Le besoin de recharger souvent ou d'avoir l’étui chargé est un vrai paramètre pour l’utilisateur quotidien.
- Pertinence de l’affichage : l’écran étant monoculaire (dans la lentille droite), tous les usages AR “immersifs” comme superposition d’objets réels dans les deux yeux ou vision de réalité augmentée complète sont hors de portée. L’affichage reste discret, limité à certaines fonctions.
- Confidentialité & perception sociale : toute caméra ou dispositif d’enregistrement dans des lunettes pose des questions sur la vie privée, les enregistrements non souhaitées, la transparence (LED indicateur, etc.), et la façon dont les gens environnant réagissent.
- Confort et esthétique : même si le design reste “Wayfarer-like”, le poids, l’épaisseur des montures, la visibilité/code discret de l’écran, ainsi que le bracelet (Neural Band) peuvent devenir des freins ou des compromis pour certains utilisateurs.
- Prix élevé : 799 USD est un ticket d’entrée assez haut, et bien que cela soit justifié par les composants, pour beaucoup ce sera un luxe. En Afrique, Europe ou d’autres territoires, coût import, taxes etc. accentueront encore ce prix.
Face à Apple, Google et Snap : des visions divergentes de la réalité augmentée
L’arrivée des Ray-Ban Display doit se comprendre dans un marché encore en construction, où chaque géant explore sa propre approche.
- Apple Vision Pro : le casque lancé en 2024 représente l’approche la plus haut de gamme et immersive. Avec ses écrans 4K par œil, son suivi précis des gestes et ses applications immersives, Apple cible les professionnels, les créateurs de contenu et les passionnés de technologie. Mais son prix avoisinant les 3 500 dollars et son encombrement le placent dans une autre catégorie. Meta, avec ses lunettes à 799 dollars, vise plutôt l’utilisateur grand public, mobile et social.
- Google et Android XR : après l’échec des Google Glass, Google revient par la voie logicielle avec Android XR, une plateforme pour casques et lunettes de réalité mixte. L’entreprise ne propose pas (encore) de lunettes élégantes grand public. Meta prend donc de l’avance sur l’aspect “wearable” au quotidien, même si Google reste un concurrent solide grâce à son écosystème Android et ses services cloud.
- Snap Spectacles : Snapchat a été pionnier avec des lunettes connectées capables de filmer et de projeter des effets simples en réalité augmentée. Mais ces modèles restent expérimentaux, avec une diffusion limitée. Les Ray-Ban Display, en bénéficiant d’un partenariat industriel avec Ray-Ban et d’un soutien massif en R&D, apparaissent beaucoup plus abouties.
En résumé, Apple privilégie l’immersion totale et haut de gamme, Google se concentre sur la plateforme logicielle, Snap mise sur l’expérimentation créative, tandis que Meta tente l’équilibre : un produit portable, esthétique, fonctionnel et grand public, au croisement entre l’IA, les réseaux sociaux et l’AR.
L’avenir des lunettes connectées se joue maintenant
Avec les Ray-Ban Display, Meta veut démontrer qu’il est possible de porter la technologie sans rompre le lien social. Pas de casque encombrant, pas de design futuriste trop voyant : simplement une paire de lunettes qui ressemble à des Ray-Ban, mais qui ouvre la voie à une nouvelle interface avec le monde numérique.
Le succès dépendra de plusieurs facteurs : l’acceptation sociale (porter des lunettes qui filment en permanence reste sensible), la richesse de l’écosystème logiciel, l’amélioration de l’autonomie et surtout la capacité de Meta à convaincre que ces lunettes ne sont pas un gadget, mais une véritable extension naturelle du smartphone.
Si l’expérience s’avère convaincante, elles pourraient marquer le début d’une adoption massive des lunettes AR discrètes, un domaine où jusqu’ici, toutes les tentatives — de Google Glass à Snap Spectacles — ont peiné à franchir le cap de la niche.
Source : Meta
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